Aurélie Filippetti tacle Universal Music

Sur France Inter, la ministre de la Culture entend faire en sorte que le futur Centre national de la musique ne soit pas l'outil des majors.

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Aurélie Filippetti, nouvelle ministre de la Culture et de la Communication.
Aurélie Filippetti, nouvelle ministre de la Culture et de la Communication. © Bertrand Guay / AFP

Temps de lecture : 2 min

Les prises de position d'Aurélie Filippetti sur le secteur de la musique provoquent un premier échauffement chez les professionnels. Sur France Inter, lundi, la nouvelle ministre a redessiné les contours du Centre national de la musique (CNM), lancé en janvier dernier par son prédécesseur Frédéric Mitterrand. À l'heure actuelle, le CNM, censé apporter un soutien financier à la musique à l'instar du CNC pour le cinéma, n'en est encore qu'au stade de la mission de préfiguration avant sa mise à flot éventuelle en 2013. D'ores et déjà, Aurélie Filippetti a marqué sa différence : pas question, pour elle, que le futur CNM serve de tiroir-caisse complémentaire aux majors.

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"Je souhaite, s'il doit être pérennisé, qu'il contribue au soutien à la production indépendante", a précisé la ministre de la Culture, pour qui la concentration du secteur autour d'un "groupe ultra-dominant" est déjà préoccupante. Sans le citer, la ministre visait clairement Universal Music, la filiale de Vivendi numéro un mondial de la musique enregistrée. Comme on l'imagine, les déclarations de la nouvelle ministre n'ont pas ravi les responsables de la major française. Cette dernière minore sa part de marché à 28 % en tant qu'éditeur contre 40 % pour les labels indépendants (source : GFK). En fait, c'est en tant que distributeur que le groupe Universal Music pèse 44 %, c'est-à-dire quand on ajoute à ses productions propres l'écoulement des disques comme, par exemple, "Les Enfoirés" du label Une Musique (TF1), etc.

Gouvernance

Par ailleurs, la ministre estime que le mode de financement du CNM (estimé à 70 millions d'euros en 2013) doit être revu ainsi que sa gouvernance. "Les collectivités locales doivent être associées", glisse-t-elle. Enfin, Aurélie Filippetti a relayé l'inquiétude de la musique classique "qui n'est pas associée à ce CNM". "Or, la musique classique doit être absolument défendue, protégée, encouragée. Donc je veillerai à ce que la filière classique ne soit pas lésée par la constitution d'un CNM", annonce l'hôte de la Rue de Valois, qui a donc décidé d'ouvrir un front avec les majors. Naturellement, toutes ses annonces, qui s'inscrivent dans le droit fil des intentions de François Hollande révélées pendant la campagne présidentielle, sont conditionnées à la victoire de la gauche aux législatives.

En 2011, le marché de la musique a généré un chiffre d'affaires de 617,2 millions d'euros, en baisse de 3,9 % (source : ).

Commentaires (11)

  • Rod

    Pour bosser dans le milieu, je trouve sa prise de position juste et pertinente... Quand on voit ce qu'on vous sert, et ce que, nous, élite de la musique, écoutons, le gouffre est considérable. Et si ce CNC musical peut servir à des groupes ne répondant pas à la norme dite "Grégoire", et bien tant mieux.

  • rimb

    Je pense que ceux qui défendent les majors et les remercient se trompent. Chez des producteurs comme Barclay la partie artistique avait son mot à dire ce qui n'est plus le cas aujourd'hui. Ferrat n'aurait jamais pu exister à notre époque (il le disait lui-même), et combien d'artistes talentueux sont parfaitement oubliés dans tous les styles musicaux parce qu'ils ne correspondent pas à la "norme" ? Pour travailler dans ce milieu, ils sont très nombreux. Jamais la musique dans sa totalité n'a été aussi proche du produit de lessive (même si ça a toujours existé) et jamais les consommateurs n'ont été si mal servis contrairement à ce que nous laisse croire notre société d'archi communication. Sale temps pour les artistes... Et soutenons la ministre dans le travail qu'elle semble vouloir mener (sans trop d'illusions non plus).

  • Patby

    Créer les conditions pour que tous travaillent en harmonie sans "tacler" tel ou tel, c'est pas encore pour demain. La parité ne règle pas tout, la preuve.