Le pianiste Herbert Jeffrey dit "Herbie" Hancock est né à Chicago le 12 avril 1940. Il vient d'être nommé "ambassadeur de bonne volonté" de l'Unesco. Sa première décision en tant qu'ambassadeur : déclarer le "30 avril, Jazz Day", Journée internationale du jazz.
Proposition adoptée à l'unanimité.
Le lancement de cette journée par la Directrice générale de l'Unesco, Irina Bokova, a lieu au siège de l'institution à Paris, le vendredi 27 avril 2012, de 10 heures à 16 h 30. Conférences, concerts gratuits, rencontres, master classes, entrée libre. Le tout, en présence de sept pléiades de stars : de M. Herbie Hancock en personne, à Marcus Miller, George Benson, Biréli Lagrène, en passant par Mmes Barbara Hendricks et Dee Dee Bridgewater, que l'on retrouvera en scène à 20 heures. Cette journée "portes ouvertes" est depuis sept jours archi-complète. Le concert, n'en parlons même pas. TSF, "la radio 100 % jazz", retransmet l'un et l'autre en direct.
"La Pléiade", c'est une constellation de sept étoiles, dont le groupe de sept poètes réunis autour de Ronsard avait repris le nom. On sera plus près du nombre de base, à La Nouvelle Orléans, le lundi 30 avril pour célébrer le J-Day : lever de soleil en musique à Congo Square, avec Herbie Hancock et son aîné Ellis Marsalis (1934), entouré de ses fils, Branford – saxophoniste, le plus inventif ; Delfeayo, trombone, producteur ; et Wynton Marsalis (trompette), universellement connu.
Tout ceci a valeur de symbole efficace. Toute la troupe, sans oublier Wayne Shorter, Ron Carter, Lang Lang, George Duke, Jack DeJohnette rejoint New York City dans la journée. NYC où, accueillie par Robert de Niro, Michael Douglas, Morgan Freeman et Quincy Jones, et toujours plus augmentée, elle se produit au Lincoln Center. Onze pléiades en scène.
SURACTIVITÉ
New York New York adore ce genre de raout. Il serait du dernier plouc de les prendre de haut. Il s'y passe toujours quelque chose, ne serait-ce que le manque. On en attend toujours, comme font les enfants, l'instant miraculeux. Lequel, immanquablement, se produit. Après tout, on se souvient d'une revue générale des troupes de même ampleur, au Radio City Hall, en 1973 (pas mal de disparus depuis, une hécatombe). Ou d'un feu d'artifice équivalent à Saratoga, pour le "Newport à New York" Jazz Festival, le 1er juillet 1978. Aux deux, participait Herbie Hancock, cet air d'éternel jeune homme qu'il promène à 72 ans, sa suractivité, et cette carrière si impressionnante qu'on finit par la voir éternellement au présent.
Soliste du Chicago Symphony Orchestra à 11 ans, Herbie Hancock interprète le Concerto en ré majeur de Mozart et le Concerto brandebourgeois n°2, de Bach. Admirateur d'Oscar Peterson, il accompagne les solistes qui passent en ville, les plus grands. Car, prodige ou pas, soliste classique afro-américain, vous ne le serez pas longtemps, à l'époque. Herbie, le jour, est élève dans une école d'ingénieur. Il suit le groupe du trompettiste Donald Byrd à New York, en 1961. Et devient, il a déjà cette moustache de crooner swag, un des pianistes clefs du label Blue Note. Il sait tout, l'harmonie, la composition, les classiques européens, le canal historique du blues, et cent mille avant-gardes.
En 1962, il publie son premier album, dans lequel figure un tube planétaire, Watermelon Man.
La suite aurait pu largement le reposer sur ces lauriers. Mais la suite s'appelle Eric Dolphy, Miles Davis et son quartet historique ; Dexter Gordon, Stan Getz, Blow Up, film d'Antonioni en 1966 ; le funk, les synthétiseurs, les Headhunters (1973), d'innombrables tournées de VSOP (Very Special One Performance) ; le bouddhisme, quelques titres millionnaires (Rock It), de purs "saucissons" commerciaux doublés d'expériences scintillantes, du cinéma en veux-tu-en-voilà (Autour de minuit, de Tavernier, en 1987), un duo avec Chick Corea, on en oublie, et quelques "Tribute to Miles".
Bonne chance à ses discographes comme à ses historiens ! Tous nos respects, Monsieur l'Ambassadeur !
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