Ce n'est pas encore la révolution, mais presque! Un courant d'air frais souffle sur la programmation de l'Opéra de Montréal pour la saison 2012-2013, qui revient à cinq productions.

C'est La Traviata, de Verdi, qui ouvrira la saison. Une soprano grecque, Myrto Papataniasu, y fera ses débuts en Violetta. Cet opéra adoré des mélomanes a déjà été présenté six fois depuis la fondation de l'OdM. La dernière remonte à 2006.

La grande innovation vient plutôt de Dead Man Walking, un opéra de l'américain Jake Heggie composé en 2000 et inspiré du livre La dernière marche de soeur Helen Prejean. On connaît déjà cette histoire adaptée au cinéma par Tim Robbins en 1995 avec Susan Sarandon et Sean Penn dans les rôles principaux. Le baryton Étienne Dupuis y sera Joseph De Rocher, le condamné à mort, dans une mise en scène d'Alain Gauthier.

Créé à San Francisco, Dead Man Walking a été présenté dans une vingtaine de villes américaines, à Sydney, à Vienne, en Suède et en Afrique du Sud. Les critiques ont généralement été favorables. La première canadienne a eu lieu à Calgary en 2006. Au tour des Montréalais de le découvrir en mars 2013.

Il s'agit de la première oeuvre du XXIe siècle présentée à l'Opéra de Montréal. Abordant la question de la peine capitale, elle s'inscrit dans un courant d'opéras accessibles basés sur des thèmes d'actualité. Plus récemment, Anna Nicole, de Mark-Anthony Turnage, qui raconte la vie de la starlette Anna Nicole Smith, et Two Boys, de Nico Muhly, drame sur les dangers du cybersexe inspiré d'un fait divers, étaient de la même veine.

Basées sur une musique plutôt tonale, des scénarios réalistes et des sujets contemporains, ces oeuvres sont susceptibles d'interpeller un plus large public que l'opéra traditionnel. Elles transportent l'art lyrique au coeur des préoccupations actuelles sans tomber dans l'hermétisme souvent reproché aux productions expérimentales.

Retour de Marc Hervieux

Avec le populaire Marc Hervieux dans La Chauve-souris, célèbre opérette de Johann Strauss en version française, on peut s'attendre à des billets qui s'envolent vite. À ses côtés, Caroline Bleau, Marianne Lambert et une distribution entièrement canadienne évolueront dans une mise en scène du Montréalais Oriol Thomas.

En novembre, on soulignera le bicentenaire de Richard Wagner avec Le Vaisseau fantôme et une distribution essentiellement allemande et canadienne sous la direction de Keri-Lynn Wilson. La dernière production d'une oeuvre de Wagner à l'OdM remonte à 2000. On avait alors donné Das Rheingold en version concert.

Étoile montante, Marianne Fiset sera la Manon de Massenet en mai, rôle qu'elle a tenu tout récemment à la Bastille. Le blond saskatchewanais Gordon Bintner, gagnant du Concours OSM 2011, interprétera Lescaut.

De plus, l'Atelier lyrique présentera un programme double au printemps: The Old Maid and the Thief et Amahl and the Night Visitors de Menotti.

Selon Michel Beaulac, directeur artistique, la situation financière de l'OdM est stable malgré le contexte économique difficile en culture. Question de vivre selon ses moyens, la compagnie s'en tiendra à quatre représentations par opéra.

Finalement, sur le plan du marketing, on délaisse enfin les visages lugubres sur fond noir qui avaient marqué la publicité des dernières années pour adopter des photos très mode, misant sur l'aspect glamour de l'opéra.