Festival d’opéra baroque de Beaune Rencontre avec Jean-Paul Fouchécourt

M. S. - 29 juin 2012 à 05:00 | mis à jour le 29 juin 2012 à 08:46 - Temps de lecture :
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Un ténor étiqueté baroque à la française en France mais pas à l’étranger.  Photo DR
Un ténor étiqueté baroque à la française en France mais pas à l’étranger. Photo DR

Entre Jean-Paul Fouchécourt et la musique ancienne, c’est une histoire d’amour contre nature. Né dans le bassin minier, sa carrière de musicien a commencé par le saxophone avant de plonger dans le chant grâce à Cathy Berbérian qui avait décelé chez lui une belle voix de ténor et surtout des qualités de comédien qui allaient lui permettre d’être distribué sur les scènes du monde entier dans de très grands rôles. « En 1985, Christie pas encore connu venait faire un concert avec Jacobs à Beaune, je me dis, “je vais y aller mais cela va être rasoir au possible”. Par goût, je n’aimais pas la musique baroque, cela sonnait faux à mes oreilles de saxophoniste, cela me heurtait vraiment. Pourtant, au sortir du concert, j’étais transformé, je suis allé voir le chef qui m’a auditionné 15 jours plus tard et me propose l’Atys qu’il montait pour l’opéra-comique. On m’a ensuite collé cette image de chanteur baroque français aussi, parce que ma voix était bien adaptée à ce répertoire dit de haute-contre à la française, qui est en fait un registre de ténor. Une voix finalement assez rare malheureusement. On a aujourd’hui, à mon sens, trop tendance à utiliser des voix mozartiennes qui ne sont pas tout à fait dans le registre du haute-contre à la française. Dans les années 1985-1990, le chant baroque était pratiqué par de bons amateurs qui ensuite se sont professionnalisés, il s’agissait de chanteurs curieux qui approfondissaient les choses, ce qui n’est plus forcément le cas. Cela peut faire un peu vieux con ce que je dis mais c’est vrai. En 30 ans, les choses ont évolué. Au début, on considérait qu’il fallait chanter avec une voix blanche, Christie et les Arts Florissants ont formé toute une génération de jeunes chanteurs. Malheureusement, je trouve qu’ils copient souvent sans comprendre, sans savoir forcément pourquoi on doit faire un ornement. Rares sont ceux également qui savent ne pas faire de vibrato et contrôler leur voix. Le baroque ne se chante pas comme du bel canto ! »