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L'admirable leçon d'espoir d'Aung San Suu Kyi

Bien qu'elle ait passé quinze des vingt et une dernières années en détention, sur ordre du régime, la Prix Nobel de la paix n'a parlé que de réconciliation nationale au lendemain de sa libération, le 14 novembre 2010.

Le Monde

Publié le 16 novembre 2010 à 14h10, modifié le 25 janvier 2011 à 11h28

Temps de Lecture 2 min.

Nul ne peut rester indifférent à la vue de cette frêle femme de 65 ans à la volonté de fer qui émerge gracieusement d'une implacable assignation à résidence de sept ans, coupée du monde dans sa grande maison délabrée de Rangoun, pour proclamer sa foi dans la démocratie et appeler au dialogue.

On aura guetté en vain, dans l'attitude d'Aung San Suu Kyi, l'opposante à la junte birmane, qui a passé quinze des vingt et une dernières années en détention sous une forme ou sous une autre, des signes d'amertume ou de ressentiment. Pendant ces années d'isolement, pourtant, son mari est mort loin d'elle, en Grande-Bretagne, et elle a été séparée de leurs deux fils. Son parti a été dissous, plus de 2 000 opposants jetés en prison.

Mais, dimanche 14 novembre, à Rangoun, la Prix Nobel de la paix, des fleurs dans ses cheveux et un sourire serein sur le visage, toute à la joie de retrouver la foule de ses compatriotes, n'a parlé que de réconciliation nationale.

D'autres avant elle, sous d'autres cieux mais confrontés comme elle à des régimes totalitaires, ont fait le même pari et l'ont gagné. L'académicien soviétique Andreï Sakharov, libéré en 1986 de son exil forcé à Gorki, n'avait pas encore posé le pied par terre en arrivant par le train en gare de Moscou, qu'il promettait déjà de reprendre son combat pour la démocratie. Les opposants polonais Adam Michnik et Jacek Kuron, libérés en 1984 après avoir été emprisonnés sous l'état de guerre décrété contre Solidarité, réitéraient aussitôt leur détermination à se battre pour la liberté, malgré les policiers en civil déployés autour de chez eux. A Moscou comme à Varsovie, leur fermeté fut récompensée par un changement de régime quelques années plus tard.

En sera-t-il ainsi en Birmanie ? Rien n'est moins sûr au lendemain d'une élection truquée, le 7 novembre, dont l'objectif était de maintenir les militaires au pouvoir, y compris dans des habits civils. Aung San Suu Kyi a pris grand soin de ménager les généraux dans son premier discours de femme libre. L'opposante, à qui on a tant reproché son intransigeance, a, cette fois-ci, tendu la main à ses ex-geôliers.

Ceux-ci ne disent rien. Mais de multiples signes - la foule que l'on a laissée ovationner la Dame du lac, la rencontre autorisée avec les diplomates, l'annonce de la sortie de "la fille du général Aung San", héros national de l'indépendance, par les médias officiels - montrent que le pouvoir a pris la décision de laisser faire. A condition, sans doute, que l'enthousiasme des retrouvailles ne bascule pas.

Pourquoi ? Dans un pays aussi opaque que la Birmanie, il est difficile de crier victoire. Aung San Suu Kyi n'a pas hésité, elle, à demander le soutien de la communauté internationale pour ouvrir le dialogue avec le pouvoir. Pour la première fois, elle envisage une levée des sanctions occidentales qui frappent la Birmanie. Les pays occidentaux auraient tort de ne pas saisir l'occasion d'un "marché" : la libération des prisonniers politiques birmans en échange d'une levée des sanctions.

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