"Nul ne peut contester l'extraordinaire ampleur de la tâche" qu'il reste à accomplir en Afghanistan, a indiqué le général Petraeus, commandant des forces américaines et de l'OTAN, lors d'une intervention publique devant les étudiants de Sciences-Po à Paris, mardi 23 novembre.
Pour accomplir cette "mission" qualifiée de "sans précédent", le général a jugé que le calendrier fixé par les vingt-huit Etats membres de l'OTAN lors du sommet de Lisbonne le 20 novembre est "raisonnable". Les Alliés ont décidé de transférer, "à l'horizon 2014", la responsabilité de la sécurité du pays aux Afghans, étant entendu que les troupes occidentales resteront présentes au-delà de cette date si nécessaire, dans le cadre d'un "partenariat de long terme".
Ce calendrier, a souligné David Petraeus, "est celui du président afghan Hamid Karzai". Cet objectif "semble raisonnable et sensé". Et d'ajouter : "Nous pouvons l'atteindre, mais ce sera très difficile."
Lundi, le général a évoqué plus précisément avec le ministre français de la défense, Alain Juppé, les critères selon lesquels les districts contrôlés par les Occidentaux seraient transférés aux autorités locales. Il n'a pas donné de précision, mardi, mais il a souligné que "de nombreuses décisions doivent être prises avant que les Afghans puissent partager le fardeau".
Selon lui, la sécurisation de Kaboul, dont l'armée et la police nationales ont pris les rênes fin 2009, "doit être un modèle pour le reste de l'Afghanistan". Alors que le président Barack Obama doit, en décembre, évoquer la troisième "revue" de sa politique en Afghanistan depuis son élection, le général a voulu, à Paris, dresser un bilan "positif" de la stratégie de contre-insurrection menée. "Nous avons travaillé dur, et au prisme de ce que nous avons fait en Irak."
En septembre 2009, a-t-il indiqué, les trois piliers de l'action conduite par la coalition internationale – sécurité, gouvernance, développement – "dysfonctionnaient tous". A ce moment là, "nous avions atteint le niveau de violence le plus élevé", a-t-il ajouté, commentant les courbes d'un power point. "Quand vous multipliez les opérations, la violence augmente. Maintenant cette phase est passée et la confiance des Afghans grandit. Cela prend du temps."
En cette fin d'année 2010, les progrès sont "réversibles" et les réalisations prévues "très difficiles", mais la situation s'est améliorée, assure David Petraeus. Le général cite plusieurs raisons : le renforcement, achevé, des effectifs militaires (80 000 nouveaux soldats sont arrivés depuis deux ans, pour atteindre 150 000, aux deux tiers américains), la réorganisation du commandement de la Force internationale d'assistance à la sécurité de l'OTAN, mais aussi la montée en puissance de la formation des forces afghanes (70 000 hommes instruits cette année), des actions de développement du pays et de la lutte contre la corruption.
Contre les insurgés, "c'est la stratégie de l'anaconda", a encore expliqué le général américain. Pour les étouffer, "l'action militaire ne suffit pas". Elle continue cependant de venir en tête des actions menées.
En matière de contre-terrorisme, "nos unités spéciales sont un élément capital pour cibler les cadres intermédiaires" des mouvements, qu'il s'agisse du réseau Haqqani, des talibans ou des autres groupes, a expliqué David Petraeus. Avant de donner ces chiffres : sur les trois derniers mois, 387 chefs insurgés ont été tués ainsi que 965 de leurs hommes, tandis que 2 553 ont été capturés.
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