Helmut Newton : créer un choc artistique

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Helmut Newton : créer un choc artistique

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Cette exposition Helmut Newton, au Grand Palais à Paris, est la première rétrospective du photographe depuis sa mort en 2004. Elle retrace l’histoire de la création des grands chefs d’œuvres, mais l’objectif est aussi de montrer des œuvres moins connues et qui annoncent déjà le projet de l’artiste.

Jérôme Neutres, co-commissaire de l'exposition
Jérôme Neutres, co-commissaire de l'exposition

L’exposition, qui se tient jusqu’au 30 juillet au Grand Palais, commence par des photographies de mode, très peu connues, jamais montrées encore au public en France. Ces images du début des années soixante portent déjà les prémices de ce qui fera le style newtonien. Il s’agit de photographies de mode, des commandes, qui ressemblent à tout, sauf à des photo de mode.

Elles pourraient être des scènes de film, des clichés de paparazzi, des photos souvenirs, des portraits… mais pas des photographies de mode. Et c’est exactement la définition du style newtonien : un affranchissement par rapport à la contrainte, une libération par rapport au cadre imposé, une transgression systématique, dans la forme et dans le fond.

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Jérôme Neutres , conseiller du Président de la Réunion des musées nationaux-Grand Palais et co-commissaire de l'exposition, explique l’importance de cette exposition à Paris, une ville où l’artiste a créé une partie majeure de son œuvre en travaillant à l’édition française du magazine Vogue.

L’exposition présente près de deux cents tirages sélectionnés par Jude Newton , son épouse pendant près de soixante ans. Elle a commencé par poser comme modèle pour l’artiste en 1947 puis devient à son tour photographe sous le pseudonyme d'Alice Springs. Pour Jérôme Neutres , il était important d’associer Jude Newton à cette exposition.

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Margaret Thatcher. 1991, Anaheim, Californie
Margaret Thatcher. 1991, Anaheim, Californie

Des femmes puissantes et conquérantes

Juif berlinois, né en 1920 dans une famille aisée, Helmut Newton n’oubliera jamais le Berlin de son enfance, celui du début des années trente. En 1936, il est placé comme apprenti chez Yva, une photographe reconnue. Il y apprend le portrait, le nu et la photographie de mode. Deux ans plus tard, il fuit Berlin pour rejoindre l’Australie. C’est dans les années soixante qu’il révolutionne cette photographie de mode en travaillant pour les magazines de Vogue et Elle à Paris. « Une bonne photographie de mode doit ressembler à tout sauf à une photographie de mode. A un portrait, à une photo souvenir, à un cliché de paparazzi », disait Helmut Newton.

Les femmes sont au centre de son œuvre. Sculpturales et dominatrices, habillées ou nues, toujours chaussées d’escarpins, les femmes de Newton s’imposent.

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Toutes les œuvres d’Helmut Newton, quasiment, répondaient à une commande. Mais cela n’a jamais empêché, dans l’histoire de l’art, des artistes d’imposer leur style. Dans la photographie de mode, très cadrée, Helmut Newton s’autorise toutes les libertés. Il se détache de toutes les contraintes, comme le précise Jérôme Neutres .

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Parfois choquant, Helmut Newton reconnaît son attirance pour le mauvais goût. « *J’adore la vulgarité. Je suis très attiré par le mauvais goût, plus excitant que le prétendu bon goût qui n’est que la normalisation du regard. * » Il utilise la provocation ou l’humour pour dépeindre le pouvoir et les rapports de force dans les échanges sociaux. Le plus impressionnant de son travail reste la représentation libérée de ces femmes fortes, fières et dominantes, ces femmes qui ont pris le pouvoir, assument leur sexualité et s’affichent en toute liberté.

A écouter sur France Culture : les critiques de La Dispute d'Arnaud Laporte qui s'expriment sur l'exposition, mercredi 28 mars, de 21h à 22h.> Les œuvres présentées dans l'exposition sont prêtées par Madame June Newton et la fondation Helmut Newton (site en anglais).