Musique
Daniel Barenboïm célèbre Mozart et Bruckner à la Salle Pleyel

Daniel Barenboïm célèbre Mozart et Bruckner à la Salle Pleyel

Daniel Barenboïm et la Staatskapelle Berlin ont fait trembler la salle Pleyel, ce mercredi 18 avril 2012, avec le Concerto n°24 de Mozart et la septième Symphonie de Bruckner. Tour à tour pianiste et chef d’orchestre, Daniel Barenboïm confirme une nouvelle fois son double talent en honorant deux oeuvres privilégiées de son répertoire.

Installé au piano, Daniel Barenboïm transporte l’orchestre au son du 24e Concerto de Mozart. Le grave chuchotement de quelques violons est rattrapé dans un sursaut par une horde de cordes déchaînées. Et déjà le piano se fait entendre, pose quelques sombres accords pour s’élancer avec légèreté en une suite infinie de notes. La grâce de mordants et de trilles alterne au grondement soudain de l’orchestre, çà et là apaisé par le chant d’un hautbois. Le piano s’impose définitivement en un déferlement de notes qui, s’atténuant progressivement, annonce déjà la tonalité majeure du second mouvement. En un jeu de questions réponses, le piano susurre d’un ton enjoué quelques notes d’un divertissement enfantin, tandis que les bois s’envolent. Avec élégance, la puissance dramatique renaît au sein de l’Allegretto final. L’élan des cordes aiguës et l’effleurement virtuose du piano, succèdent à la descente lancinante des violons, pour s’incarner en une tempête finale triomphale.

Le pianiste-chef d’orchestre laisse finalement place à la seule baguette. C’est tantôt avec force, tantôt avec une pointe de désinvolture, que Daniel Barenboïm mène la septième Symphonie de Bruckner, se laissant de temps à autre transporter en spectateur au détour d’une phrase mélodique. Dans une musique toute wagnérienne, un temps idyllique, un temps vigoureuse, la légèreté d’un hautbois s’ébranle sous la force des cuivres et la vibration des violons. En une répétition infinie du même motif, l’orchestre entier s’affole en crescendo et déjà l’Adagio succède à l’Allegro moderato initial. Les vents s’accablent en une déploration tragique, à l’allure d’un hymne solennel, teinté de temps à autre d’une pointe d’espérance. L’atmosphère lente et mystérieuse est contrecarrée par la pulsation soutenue de cors rythmant la descente asphyxiante de violons. L’air s’alourdit, la folie s’empare de l’orchestre en un Scherzo héroïque à l’élan macabre. Un pizzicato se mêle à la vibration des violons et au son tonitruant des cuivres, en un Finale aux contrastes effrénés.

Le public transporté applaudit avec force cet artiste généreux qui, sous l’élan des ovations, s’adonne à un morceau pianistique de Mozart. Barenboïm pianiste, Barenboïm chef d’orchestre, ils étaient tous deux au rendez-vous, alliant avec brio deux œuvres où la puissance dramatique et lyrique côtoie la grâce et l’idylle.

 

Crédits photo : © Rick and Pick

© Opera Cake

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DIANE ZORZI DU MAGAZINE DES ENCHÈRES

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