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La Belgique et les Pays-Bas malades du populisme

Montée d'un populisme égoïste et parfois anti-européen ; désaveu de l'opinion à l'égard de systèmes politiques à bout de souffle ; éparpillement de l'électorat : dans les démocraties belge et néerlandaise, la conjoncture politique favorise les partis protestataires qui menacent aujourd'hui leur équilibre.

Le Monde

Publié le 04 septembre 2010 à 13h26, modifié le 13 octobre 2010 à 11h32

Temps de Lecture 2 min.

Deux démocraties européennes traversent une crise sans précédent : trois mois après avoir voté, les Pays-Bas et la Belgique sont toujours dans l'attente. Ils attendent le programme et la constitution d'un gouvernement, quitte à recourir à d'improbables coalitions.

A Bruxelles, les tourments ont commencé dès 2007. Le chrétien-démocrate flamand Yves Leterme a légitimé le message des indépendantistes flamands, auxquels il s'était associé. Mais, comme son parti, il a été dévoré par cette Nouvelle Alliance flamande, qui, grâce à lui, a pu faire prospérer l'idée d'une Flandre autonome, délivrée du "boulet" wallon et susceptible d'accaparer Bruxelles. La confusion est telle, aujourd'hui, en Belgique que le scénario de la partition n'est plus irréaliste.

Les Pays-Bas ont beau s'épargner les querelles linguistiques, leur situation n'est pas plus reluisante. Deux partis traditionnels - les chrétiens-démocrates et les libéraux - ont tenté de négocier un pacte du diable avec l'extrême droite du député Geert Wilders, boutefeu islamophobe. En échange du soutien des populistes à leur coalition minoritaire et à leur programme de rigueur, les deux partis s'engageaient à accepter une politique vigoureuse à l'égard des immigrés. M. Wilders a fait s'effondrer ce château de cartes en critiquant le manque de crédibilité des chrétiens-démocrates.

Au-delà de leurs dissemblances, les deux Etats du Nord, longtemps cités en exemple pour leur art du compromis, souffrent de maux similaires. De la montée d'un populisme égoïste et parfois anti-européen. Du désaveu de l'opinion à l'égard de systèmes politiques à bout de souffle. Et d'un éparpillement de l'électorat, que favorise le système de représentation proportionnelle, augmenté, en Belgique, d'une obligation de se rendre aux urnes qui encourage le vote "ras-le-bol".

Longtemps stables parce que s'y organisaient les transferts de voix entre les trois courants classiques - chrétiens-démocrates, sociaux-démocrates et libéraux -, les démocraties belge et néerlandaise ont laissé prospérer des partis protestataires qui menacent aujourd'hui leur équilibre.

Après une extrême droite radicale et xénophobe, la Flandre a vu naître une droite nationaliste décomplexée, qui a su mêler la mise en cause de la "mauvaise gestion" à la revendication indépendantiste et à la dénonciation des transferts d'argent vers les "pauvres" francophones. Aux Pays-Bas, les partis classiques n'ont pas vu venir la menace d'un populisme antimusulman qui fait de tout étranger le bouc émissaire.

Dans les deux pays, des partis très minoritaires au départ ont acquis de la notoriété grâce à l'impuissance des partis traditionnels, incapables d'opposer des arguments rationnels aux vociférations populistes. Grâce à la curiosité de médias avides de nouveauté, et qui ont, en amplifiant leur parole, rendu crédible cette dernière. Grâce, surtout, à des systèmes électoraux qui ont transformé les Parlements en chambres d'écho de visions caricaturales sur les questions politiques majeures. Un constat inquiétant.

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