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La Chine revisite «Nixon» au Châtelet

Chen Shi-Zheng s'empare de l'opéra créé par Adams, en 1987, en se concentrant sur la symbolique de l'ouvrage. (c) montage réalisé par Petra Reinhardt - Théâtre du Châtelet

Entré au répertoire du Met l'an passé, Nixon in China, l'opéra de John Adams, fait son retour à Paris dans une nouvelle production du metteur en scène chinois Chen Shi-Zheng.

Quarante ans après la visite de Richard Nixon à Mao Zedong et vingt-cinq ans après la création de l'ouvrage à l'opéra de Houston, on peine à mesurer quelle fut la portée de Nixon in China dans l'Amérique de l'époque.

Le compositeur John Adams se souvient: «Le travail sur Nixon in China a pris deux années entières. Tandis que je le composais, j'avais l'impression d'être enceint de l'héritier royal, tant était grande l'attention qu'y portaient les médias et le milieu musical en général. Plus j'approchais de la fin de la partition, plus il me paraissait évident que je ne pourrais achever l'ouvrage en toute discrétion.»

C'est que Nixon n'était pas un spectacle satirique de plus à ajouter au crédit de quelques dramaturges médiocres du Broadway des années 1980. Il s'agissait d'un grand opéra, écrit par Adams dans une veine à la fois mahlérienne et répétitive, contradiction dont il fera un précepte pour ses œuvres à venir, le fameux mot d'ordre «Mahler Meets Minimalism».

Surtout, pour la première fois au cours du XXe siècle, le grand genre lyrique s'empare d'un fait d'histoire contemporaine pour lui donner une portée dramatique, qui trouvera quelques années plus tard un nouvel écho dans le second opéra d'Adams: The Death of Klinghoffer.

L'œuvre elle-même, tout à la fois bouffe et dramatique, empreinte de réalisme documentaire mais se concentrant sur la psychologie et la caractérisation des personnages, doit beaucoup au livret de la poétesse Alice Goodman, qui versifia un «M. Tout-le-Monde présidentiel».

Elle doit surtout au metteur en scène Peter Sellars. C'est lui qui, le premier, suggéra en 1983 à Adams (dont l'enfance avait baigné dans l'activisme démocrate) l'idée d'un opéra sur la visite de Nixon et son épouse en Chine. Idée qu'Adams jugera brillante, mais qui ne fut pas sans susciter de vives polémiques. Lors de sa création en 1987, on décrivit «une sous-fiction de CNN». Ironie de l'histoire, la visite de Nixon en Chine est aujourd'hui presque oubliée. L'opéra de John Adams, lui, fait déjà partie de la grande histoire de l'opéra.

Du docu-fiction à la fiction documentaire

Si la production originale de Sellars détournait le docu pour mieux moquer le cérémonial politique, Chen Shi-Zheng promet, lui, de se concentrer sur la symbolique de l'ouvrage.Il sera aidé par la scénographie de Shilpa Gupta, qui puise dans le surréalisme. Côté voix, on attend beaucoup, avec June Anderson en Pat Nixon et Sumi Jo en Mme Zedong. La direction de l'Orchestre de chambre de Paris revient enfin à un collaborateur régulier de Boulez: Alexander Birger.

Nixon in China, Théâtre du Châtelet, Place du Châtelet (Ier). Tél.: 01 40 28 28 40. Dates:du 10 au 18 avril. Places: de 10 à 99 €.

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