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Le nouveau souffle de Buffet Crampon

La fabrication des clarinettes Buffet Crampon, un savoir-faire de deux siècles. Fabrication des clarinettes Buffet Crampon - (c) Denis Glicksman

Le leader mondial de la clarinette est racheté par Fondations Capital, qui offre à la société de nouvelles perspectives.

Est-ce parce que l'on a toujours été friand d'histoires belges? Toujours est-il que le nom d'Adolphe Sax est aujourd'hui connu de tous. Celui de Jean-Louis Buffet reste, pour sa part, chéri des seuls aficionados.

Les deux hommes furent pourtant rivaux. Le premier, originaire de Dinant, emménagea à Paris en 1842, quatre ans avant d'y breveter l'instrument qui fera sa gloire: le saxophone. Le second, né à Paris, apposa dès 1844 sur ses bois un logo bientôt mythique: Buffet Crampon & Cie. Ironie de l'histoire, leur rivalité, née sous la Restauration, se perpétue aujourd'hui à Mantes-la-Ville. La manufacture Buffet Crampon (devenue Buffet Group Wind Instruments) y jouxte celle de son grand rival Henri Selmer. Le premier reste le leader mondial de la clarinette professionnelle, avec 80.000 instruments (dont 63 % de clarinettes) commercialisés à travers le monde. Le second est devenu, suite au rachat en 1929 des ateliers d'Adolphe Sax, le légataire universel du saxophone et fait aujourd'hui figure de numéro un en la matière.

Cette complémentarité nourrit jusqu'aux rangs des orchestres. À l'Orchestre de Paris, Pascal Moraguès, clarinettiste Buffet Crampon, partage ainsi le poste de soliste avec Philippe Berrod, consultant pour Selmer. Elle devrait s'intensifier dans les années à venir. Buffet Group Wind Instruments vient en effet d'annoncer sa nouvelle stratégie de développement, suite à sa reprise au fonds d'investissement Argos Soditic par Fondations Capital (à hauteur de 91 %) et CDC Entreprises (Caisse des dépôts). Objectif? «Aider une entreprise française, forte d'un savoir-faire de deux siècles et en position de leadership mondial, à mettre en œuvre une stratégie de développement forte, détaille Xavier Marin, président de Fondations Capital. Tant en terme de croissance organique que de croissance externe.»

Pas question de délocaliser la production, donc. Malgré un chiffre d'affaires de 67 millions d'euros réalisé à 93 % à l'étranger en 2011, et une implantation marquée en Allemagne, plus de la moitié des 570 employés du groupe travaillent en France. «L'un de nos premiers objectifs reste de conforter sa présence et son identité française.» Pas question non plus de laisser filer les marchés en pleine expansion que sont l'Asie et l'Amérique du Sud. «Buffet Group ouvre dès aujourd'hui un bureau au Brésil, révèle Xavier Marin. Un autre est déjà présent à Pékin.» L'investisseur compte «pousser le marché de la clarinette dans ces régions du monde, notamment par une production accrue d'instruments d'étude». Mais aussi «aider au redéploiement progressif de l'entreprise, par le biais d'acquisitions ciblées, sur l'ensemble des instruments à vent et les cuivres»: trombones, cors ou trompettes.

Poudre d'ébène

Si les instruments d'étude représentent une part importante du marché - et des revenus potentiels du groupe, qui ambitionne, d'ici 2015, 90 millions d'euros de chiffre d'affaires - la clarinette professionnelle reste la vitrine de l'établissement. «Buffet Crampon compte parmi ses clients 80 % des 150 meilleurs orchestres mondiaux», rappelle Xavier Marin. Outre le médiatique Woody ­Allen, les clarinettistes français Paul Meyer et Patrick Messina, mais aussi le jazzman Andy Firth ou encore les Russes du Mariinsky sont clients de l'entreprise.

Celle-ci ne s'est pas contentée de perpétuer une technique, développée au milieu du XIXe siècle par les luthiers qui accompagnèrent les débuts du romantisme français. La marque s'est attachée dès 1920 à travailler au plus près des artistes. Ses modèles R13, et surtout la RC diffusée à partir de 1975, sont le fruit de ces collaborations poussées. ­Elles restent des références pour des générations d'interprètes. «L'identité de Buffet Crampon est un son très timbré, à la fois brillant et coloré, analyse Jérôme Voisin, première clarinette solo au Philharmonique de Radio France. Une identité dont le secret de fabrication réside en grande partie dans la “perce”, forme du tuyau situé à l'intérieur de l'instrument qui donne au son ses caractéristiques.» Mais qui n'empêche pas l'innovation. «La gamme Green-Line, issue d'un matériau composite à base de poudre d'ébène, est particulièrement appréciée pour ses qualités de robustesse et d'acoustique», explique Antoine Beaussant, président de Buffet Group. Diminuant le risque de fente dû aux changements extrêmes de températures, elle est la préférée du New York Philharmonic.

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