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La fermeture de MegaUpload bouscule les habitudes des internautes

Une semaine après la fermeture du site de téléchargement direct, les conséquences directes sur les pratiques de téléchargement et de visionnage des internautes sont nombreuses.

Le Monde

Publié le 27 janvier 2012 à 18h08, modifié le 27 janvier 2012 à 22h29

Temps de Lecture 4 min.

Une semaine après la fermeture du site de téléchargement direct MegaUpload, dont le nom de domaine a été saisi et une partie des serveurs confisqués par le FBI, la disparition de ce service très utilisé a eu des conséquences directes sur les pratiques de téléchargement et de visionnage, légal ou illégal, de très nombreux internautes.

Le retour du P2P

Utilisation de la bande passante en Europe en janvier 2012.

De nombreuses données, dont celles compilées par l'Internet Observatory, qui surveille l'évolution du trafic Internet en Europe, montrent que la fermeture de MegaUpload a eu un impact immédiat. Très faible avant le 19 janvier, le trafic généré par les systèmes de téléchargement peer-to-peer, comme BitTorrent, a brusquement connu une montée en flèche.

La tendance s'est depuis légèrement affaiblie, mais l'utilisation des réseaux P2P reste, une semaine après la fermeture de MegaUpload, à des niveaux très supérieurs à ce qu'elle était fin 2011. Une partie des utilisateurs de MegaUpload se sont donc tournés vers d'autres systèmes de téléchargement, principalement BitTorrent.

Nette progression des concurrents de MegaUpload

Estimations de trafic générées par Alexa.

Plusieurs indicateurs, dont les estimations de trafic du site Alexa ou l'évolution du nombre de recherches sur Google, montrent que les concurrents directes de MegaUpload ont bénéficié directement de la fermeture de MegaUpload, avec une nette progression de leur trafic à partir du 19 janvier. Mediafire et Rapidshare ont également bénéficié, indirectement, du vent de panique qui s'est emparé de plusieurs concurrents de MegaUpload après l'intervention du FBI.

Uploaded.to a ainsi bloqué l'accès à ses utilisateurs américains, tandis que des sites comme VideoBB ont directement supprimé la quasi-totalité des contenus qu'ils hébergeaient. Rapidshare et Mediafire, qui ont réaffirmé cette semaine que leurs services sont parfaitement légaux, ont poursuivi leurs activités de la même manière qu'avant le 19 janvier, sans compter une myriade d'autres sites moins fréquentés, dont les services sont toujours opérationnels.

Légère panique chez les annuaires de vidéos

Si des services alternatifs à MegaUpload pour le téléchargement de fichier sont connus et établis depuis longtemps, MegaVideo, le site de diffusion de vidéos en continu, n'avait pas véritablement de concurrent direct. La fermeture de MegaVideo a donc bloqué, au moins temporairement, le fonctionnement de nombreux sites répertoriant des vidéos de séries télévisées ou d'animes japonais.

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"Suite à la fermeture de MegaUpload, c'est un peu la panique dans le monde du warez [téléchargement]", explique par exemple un site consacré à la série Dexter. Cependant, cinq jours après la fermeture de MegaUpload, le site fonctionnait de nouveau : les vidéos hébergées sur MegaVideo ont simplement été publiées sur une autre plateforme, Purevid ; d'autres services d'hébergement, dont certains sites russes, sont également utilisés pour stocker les vidéos jusque-là diffusées par MegaVideo.

Globalement, la fermeture de MegaVideo aura perturbé le fonctionnement des sites répertoriant les épisodes de séries, mais est loin de les avoir bloqués. "On va trouver d'autres solutions mais cela va prendre énormément de temps de remplacer tous les liens de tous les animés (vous n'imaginez pas la tonne de travail que cela va demander) alors ne vous attendez pas à ce que tout rentre dans l'ordre tout de suite", résume un autre site consacré à l'anime Naruto.

Un impact peu perceptible pour l'offre légale

Les sites de streaming ou de visionnage à la demande légaux ne semblent pas avoir beaucoup bénéficié de la fermeture de MegaUpload. Aux Etats-Unis, le leader du marché Netflix n'a pas vu sa fréquentation grimper ni le nombre de recherches Google augmenter. En France, le nombre de recherches portant sur la vidéo à la demande ont cependant connu un pic à partir du 19 février, d'une ampleur plus importante que l'habituel pic du week-end. Côté fournisseurs d'accès, "il est encore trop tôt pour juger d'un éventuel effet" sur les services de VOD, explique-t-on chez SFR.

L'impact a cependant été beaucoup plus sensible pour les services alternatifs à MegaUpload que pour le terme "VOD" (vidéo à la demande), laissant supposer que seule une petite partie des internautes qui utilisaient MegaUpload et MegaVideo pour regarder gratuitement films ou séries se sont reportés sur les plateformes d'offre légale.

Les requêtes, en France, pour les termes

La ligne de défense de MegaUpload se précise

Alors que Kim "Dotcom" Schmitz, le fondateur de MegaUpload arrêté le 19 février avec plusieurs autres membres de ce que le FBI appelle la "conspiration Mega", s'est vu refuser une libération sous caution. Deux de ses coaccusés ont eux été libérés sous caution jeudi, mais devront toutefois porter un bracelet électronique.

Dans un entretien à ZDnet, Emmanuel Gadaix, qui se présente comme le seul employé français de la société, a de son côté esquissé ce qui ressemble fort à une stratégie de défense de l'entreprise. Réaffirmant que le site offrait un service légal qu'il souhaiterait à terme rétablir, M. Gadaix estime surtout que la fermeture de MegaUpload est intervenue pour empêcher l'entreprise de lancer un nouveau service révolutionnaire.

Baptisé "MegaBox", ce nouveau site devait ouvrir le 20 janvier, affirme-t-il, et a été bloqué par l'opération du FBI le 19. Ce service devait proposer du téléchargement musical légal, financé par la publicité et les achats, et promettait de reverser 90 % des profits générés aux artistes. "Il est évident que ces initiatives dérangeaient certains groupes d'intérêts, et il est fort possible qu'ils aient usé de leur pouvoir de lobby pour faire pression sur les autorités", juge M. Gadaix.

Un complot contre MegaUpload ? Avant tout, les accusés devront faire la démonstration que leurs services n'étaient pas structurellement bâtis sur la violation des droits d'auteur. Une tâche complexe, à moins que leurs avocats parviennent à prouver qu'une série de courriels très incriminants, figurant dans le dossier d'accusation, ne sont pas recevables par la justice.

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