EDITORIAL

Paralysie

par Nicolas Demorand, Directeur de Libération
publié le 10 février 2013 à 21h36

Penser global, agir local. Ce déjà vieux slogan reste dramatiquement moderne pour le gigantesque monde de l'Education nationale. Concrètement, cela implique de poser les bases d'une réforme, ses principes, puis de laisser les acteurs la mettre en musique sur place, dans ses détails les plus fins. En anglais, cette méthode d'empowerment confère puissance et pouvoir aux échelons pertinents d'une politique publique. Sur les rythmes scolaires, Libération a rendu compte d'expériences nombreuses qui, ici et là en France, dans des villes inventives, n'ont pas attendu l'Etat pour dénouer un problème dont tout le monde sait qu'il pèse, au final, sur les épaules des enfants. Malheureusement, maintenant que les banderoles sont de sortie et que les manifestations s'enchaînent, les slogans vont araser toutes les nuances et les avancées réelles, sur le fond comme sur la forme de ce dossier. Au risque que le fossé se creuse un peu plus avec les professeurs. Et que l'idée, parfaitement décrite par le sociologue de l'éducation François Dubet, s'impose une fois pour toutes que le monde enseignant, ou ses syndicats, incarne l'archétype le plus achevé du conservatisme. Un monde à ne surtout pas bousculer, un univers dont la refondation attendra un autre moment ou un autre ministre, voire un(e) autre président(e), le système, bloqué depuis un quart de siècle pouvant bien patienter encore quelques années avant de faire sa révolution. Rater l'occasion qui se présente aujourd'hui, au nom de telle imprécision à lever et de telle autre imperfection à gommer, c'est menacer le tout pour gagner une petite partie.

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