L'expérience tragique du gourou de "la théorie du genre"

John Money, le père de la "théorie du genre", l'avait testée sur des jumeaux. Récit.

Par Emilie Lanez

Au début des années 70 et à 6 ans, les jumeaux paraissent s'être conformés à leur rôle sexuel attribués.
Au début des années 70 et à 6 ans, les jumeaux paraissent s'être conformés à leur rôle sexuel attribués. © CYNTHIA VICE ACOSTA/MAXPPP

Temps de lecture : 4 min

Qu'est-ce que le genre, ce drôle de mot pratiqué des seuls grammairiens ? Il est un complexe outil intellectuel à double face. D'un côté, une grille de lecture pertinente qui questionne les rôles que la société impose à chaque sexe, le plus souvent au détriment des femmes. De l'autre, il abrite une réflexion militante... D'après elle, l'identité sexuelle ne saurait se résumer à notre sexe de naissance ni se restreindre à notre rôle sexuel social. Chacun doit devenir libre de son identité, se choisir, se déterminer, expérimenter... Et basta, l'humanité est arbitrairement divisée en masculin ou féminin.

Les "études de genre", terme traduit de l'anglais gender studies, ne sont pas récentes. Explorées par la fameuse universitaire américaine Judith Butler dans les années 70, elles naissent sous la plume et le bistouri d'un sexologue et psychologue néo-zélandais, John Money. C'est lui qui, en 1955, définit le genre comme la conduite sexuelle qu'on choisira d'habiter, hors de notre réalité corporelle. Or le personnage est controversé. Spécialiste de l'hermaphrodisme à l'université américaine Johns Hopkins, il y étudie les enfants naissant intersexués et s'interroge sur le sexe auquel ils pourraient appartenir. Lequel doit primer ? Celui mal défini que la nature leur a donné ? Celui dans lequel les parents choisiront de les éduquer ? Il est rarement mis en avant par les disciples des études de genre de quel drame humain et de quelle supercherie scientifique le père du genre, John Money, se rendit responsable.

"Lavage de cerveau"

En 1966, le médecin est contacté par un couple effondré, les époux Reimer. Ils sont parents de jumeaux âgés de 8 mois, qu'ils ont voulu faire circoncire. Las, la circoncision de David par cautérisation électrique a échoué, son pénis est brûlé. Brian, son jumeau, n'a, lui, pas été circoncis. Que faire de ce petit David dont la verge est carbonisée ? Money voit dans cette fatale mésaventure l'occasion de démontrer in vivo que le sexe biologique est un leurre, un arbitraire dont l'éducation peut émanciper. Il convainc les parents d'élever David comme une fille, de ne jamais lui dire - ni à son frère - qu'il est né garçon. Le médecin administre à l'enfant, rebaptisé Brenda, un traitement hormonal et, quatorze mois plus tard, lui ôte les testicules. Ses parents la vêtent de robes, lui offrent des poupées, lui parlent au féminin.

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Commentaires (76)

  • Sylvain Reboul

    Il est clair que cette expérience concerne la question du sexe biologique et psychique et non pas celui du genre. Ce toubib croyait pouvoir changer non le rôle social mais le sexe et la sexualité vécue des futurs adultes

    Ce qui n'a rien à voir (et même s'y oppose) avec les études sur les genres qui se contentent de montrer que l'on ne peut confondre genres sociaux et sexes biologiques et sexualité vécue ; ce que fait précisément ce toubib...

    Décidément cette confusion est difficile à déconstruire, y compris dans la tête de journalistes qui se disent informés... Ou, en tout cas, devrait l'être.

  • Gilbert Duroux

    Cette histoire lamentable, à faire peur dans les chaumières, est-elle destinée à ranimer la flamme des manifestants intégristes qui défient dans a rue, alors qu'elle n'a rien à voir avec un quelconque projet gouvernemental ?
    Agitez le trouillomètre, il en restera toujours quelque chose, c'est à ça que vous pensez ?
    On dirait les méthodes des anti-avortements qui cherchent à foutre la trouille en brandissant des bocaux avec des fœtus dedans.

  • Gazelo

    De quoi a-t-on peur, si ce n'est d'expérimentations douteuses, désastreuses, mais surtout révolues ?

    Si on considère comme sûr que son petit garçon sera un homme, un vrai, un mâle macho, puisque c'est sa seule nature possible, et comme cette malheureuse expérience de Brenda-David le démontrerait, la vrai nature ne peut être contrariée par l'éducation ! Donc (et ce n'est pas le cas !) même si la théorie du genre serait introduite dans les programmes d'enseignement en France, aucune crainte à avoir pour la progéniture de ces détracteurs de cette théorie, ... ; à moins qu'ils n'y croient eux-même ?

    - Soit on y croit, et on sera content que sa petite fille et son petit garçon aient le choix de son identité en jouant avec des camions et des marteaux, en tricotant ou cuisinant,
    - Soit on n'y croit pas, et apprendre le tricot, la cuisine, les camions et le marteau ne changeront rien à la domestique préférence de sa petite fille, et à la virile destinée de son petit garçon, puisque "ce ne serait pas dans leur nature" !

    Non, sérieusement, qu'est ce que c'est que ce marché de dupes avec cette contestation si virulente, et sur de simples "on dit" ?
    Les parents (pas tous, mais apparemment beaucoup) après avoir délégué l'éducation de leur progéniture à l'enseignement public, on finalement mis leur cerveau sur "Off".