James Moreau. Un infatigable passionné de musique classique

À 92 ans, James Moreau, ancien directeur du conservatoire de musique de Lorient, vient d'écrire son deuxième quatuor à corde. Il revient sur 70 ans voués à la musique classique et regrette qu'on ne fasse pas aujourd'hui une plus grande place à cette discipline.

James Moreau trouve dommage que l'on diffuse, aujourd'hui, les concerts de musique classique à des heures trop tardives. Photo V.L.B.
James Moreau trouve dommage que l'on diffuse, aujourd'hui, les concerts de musique classique à des heures trop tardives. Photo V.L.B.


À 92 ans, vous continuez à composer. Pour quelle raison?
Pour ne pas mourir! Et puis, surtout, parce que j'ai encore des choses à faire partager. J'ai envie d'essayer de faire plaisir aux autres en composant. Le quatuor à cordes est une formation difficile, exigeante et qui me plaît particulièrement. C'est la quintessence de la musique de chambre, la base de l'écriture moderne. Et il a assez peu de compositions contemporaines dans ce domaine artistique.

Vous avez derrière vous une longue carrière de violoniste et de directeur d'école de musique. Quelle facette du métier vous a le plus apporté?
J'ai eu la chance, dans ma carrière de toucher à de nombreux aspects du métier de musicien. J'ai débuté comme premier violon à l'Association des concerts Pasdeloup, puis je suis rentré à l'Orchestre radio-symphonique de Lille, j'ai dirigé de nombreux orchestres en compagnie de solistes renommés (le trompettiste Maurice André, la harpiste Lily Laskine, le pianiste AldoCiccolini,etc.). Mais, surtout, en 1953 j'ai été nommé directeur de l'École nationale de musique de Lorient. Un poste que j'ai occupé avec un grand plaisir pendant35 ans. J'ai eu la chance d'amener 109 élèves à des postes de valeur, grâce à un corps professoral de grande qualité. Certains élèves sont devenus professeurs, d'autres sont instrumentistes, chefs de choeur ou choristes. Transmettre le savoir est une chose formidable. Mais aussi très difficile.

Comment percevez-vous les choses aujourd'hui?
Vous allez sans doute me trouver sévère dans mon jugement. Mais à mon âge, on me le pardonnera. Je trouve qu'aujourd'hui, on manque d'exigence, de qualité dans l'enseignement que l'on donne aux jeunes.

Et la place de la musique classique?
Là, vous touchez forcément à la corde sensible. Parmi les choses dont je suis fier dans ma carrière, il y a la création de la Société des concerts classiques qui a existé de 1953 à 2002. J'éprouve énormément de regrets lorsque je repense à cette fabuleuse association qui a permis à des centaines de jeunes et de moins jeunes, non seulement de découvrir la musique classique mais surtout de profiter de concerts de très haut de gamme. Nous avons compté jusqu'à 800 abonnés par an et réussi à démocratiser et désacraliser la musique classique. Aujourd'hui, cette dernière est trop souvent oubliée, y compris dans la programmation des théâtres. Pour moi, seule la musique classique avec les moyens dont elle dispose a le pouvoir d'exprimer pleinement tous les sentiments humains. Elle est universelle et à la base de toutes les autres musiques.

Aujourd'hui, avez-vous des projets?
Malgré mon âge, oui... Comment pourrait-il en être autrement? J'aimerais, bien sûr, que mon quatuor soit joué, mais j'ai aussi envie d'écrire une oeuvre lyrique d'essence bretonne. Mais, pour cela, il me faudrait un compère pour écrire le livret...

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