Il aura fallu attendre un mois d’état d’urgence, 360 assignations à résidence et plus de 2 700 perquisitions administratives pour que les services de lutte antiterroriste mettent la main sur leur premier djihadiste présumé. Vendredi 18 décembre, Issa K., un ressortissant tchétchène de 27 ans, a été mis en examen pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste et placé en détention provisoire.
La nouvelle est à la fois rassurante et inquiétante. Rassurante, car elle vient rappeler que les hommes susceptibles de mener des attaques en France constituent un groupe sans doute assez restreint. Inquiétante, car le faible ratio entre perquisitions et mises en examen souligne la difficulté que rencontrent les services antiterroristes à les identifier ou du moins à matérialiser leurs intentions.
Ce jeune homme domicilié à Tours, arrivé en France à l’adolescence avec sa famille, était connu des services de renseignement en raison d’un déplacement en Turquie courant 2013. Faute d’éléments à charge – la réalité de son passage en Syrie n’ayant pu être établie –, il avait fait l’objet de simples vérifications sans être inquiété par la justice. Les services d’enquête, qui l’avaient tout de même gardé à l’œil, ont profité de l’état d’urgence pour l’assigner à résidence au lendemain des attentats du 13 novembre.
Sans lien avec les attentats
C’est lors d’une perquisition administrative à son domicile, le 2 décembre, que les policiers découvrent une vidéo d’allégeance à l’Etat islamique tournée par ses soins. Selon une source proche de l’enquête, le jeune homme aurait alors ouvertement menacé les fonctionnaires présents dans son appartement : « Je saurai vous reconnaître. » Les policiers découvriront quelques jours plus tard que cette vidéo avait été envoyée à des contacts djihadistes, ainsi que l’existence d’une seconde vidéo postée sur Internet dans laquelle le jeune homme menace la police.
Le 11 décembre, le parquet antiterroriste ouvre une enquête et saisit la Direction générale de la sécurité intérieure. « L’envoi des vidéos d’allégeance à des tiers est parfois une étape annonciatrice d’un passage à l’acte », explique une source proche des services. Le 14 décembre, Issa K. aurait en outre menacé une policière de Tours à l’occasion d’un de ses pointages quotidiens au commissariat, rapporte une source policière.
Le jeune homme est interpellé le lendemain, mardi 15 décembre. Lors de sa garde à vue, il reconnaît la production des vidéos mais assure n’avoir aucune intention de mener des attaques en France. Il a été mis en examen à l’issue de ses quatre jours de garde à vue. Aucun lien n’a pu être établi avec les attentats du 13 novembre.
Il vous reste 24.54% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.