Passions, crimes, et séduction dans le dernier temple du tango à Buenos Aires

"Le luxueux cabaret Chantecler naît dans les années 1930. Il a été créé par un Français appelé Amédée François Garesio, qui avait épousé une compatriote de Marseille, +Ritana+, vite devenue une star", raconte à l'AFP celle qui l'incarne sur scène : Mora Godoy, danseuse, chorégraphe et productrice du spectacle.

Temps de lecture : 2 min

C'est une histoire de passions, de crimes, de séduction et de suspense: un nouveau spectacle recrée à Buenos Aires la grande époque du cabaret Chantecler, dernier temple du tango fondé par un Français et fréquenté par l'icône Carlos Gardel.

La newsletter culture

Tous les mercredis à 16h

Recevez l’actualité culturelle de la semaine à ne pas manquer ainsi que les Enquêtes, décryptages, portraits, tendances…

Votre adresse email n'est pas valide

Veuillez renseigner votre adresse email

Merci !
Votre inscription a bien été prise en compte avec l'adresse email :

Pour découvrir toutes nos autres newsletters, rendez-vous ici : MonCompte

En vous inscrivant, vous acceptez les conditions générales d’utilisations et notre politique de confidentialité.

"Le luxueux cabaret Chantecler naît dans les années 1930. Il a été créé par un Français appelé Amédée François Garesio, qui avait épousé une compatriote de Marseille, +Ritana+, vite devenue une star", raconte à l'AFP celle qui l'incarne sur scène : Mora Godoy, danseuse, chorégraphe et productrice du spectacle.

Le Chantecler a connu son apogée dans les années 30 et 40: hommes d'affaires, politiciens, militaires et policiers s'y côtoyaient, y scellaient des accords troubles, et pouvaient même y avoir des rapports sexuels dans des salons privés.

Il a longtemps été le symbole de l'histoire du tango, qui se déroule entre Paris et Buenos Aires: Gardel a débuté à Paris le 2 octobre 1928 -date sacrée pour les fanatiques- dans un autre cabaret célèbre: le Florida.

Pendant des décennies, Paris s'est affirmé comme La Mecque du tango pour des générations de musiciens argentins.

Astor Piazzolla a lui-même fait le pèlerinage pour suivre des cours avec Nadia Boulanger, alors qu'à Buenos Aires le superbe bâtiment Art Déco du Chantecler vivait ses dernières années, avant d'être fermé en 1957, puis démoli en 1960.

"Le spectacle est basé sur des faits réels mais son fil conducteur, Angel, le gardien du glorieux cabaret, est une fiction qui permet des allers-retours dans le temps", explique Mora Godoy, dont le spectacle "Tanguera" a été un succès à Broadway en 2002.

Sur scène, "Black" Rodriguez Menendez, alias "Camus", joue le rôle d'un chanteur trouble, moustache fine à la mode de l'époque, qui se retrouve en concurrence avec un policier des bas-fonds de la capitale, comme lui dealer de cocaïne.

En outre, "Camus" est furieux car Ritana, femme fatale qui a eu une liaison d'un an avec Gardel, l'a séduit puis abandonné.

Pour prendre une voix la plus crédible possible, "Black" a beaucoup écouté les enregistrements des années 40, notamment des chanteurs de l'orchestre de Juan D'Arienzo, appelé "Le Roi du Rythme", qui s'est fait un nom au Chantecler.

Le spectacle a aussi permis à des jeunes de faire leurs premières armes.

"Je débute : j'ai été sélectionné dans un casting sur (le réseau social) Facebook", explique à l'AFP le danseur Marco Ayala, qui joue le rôle d'un jeune commissaire.

Il a également une liaison avec Ritana, dansant avec elle sur un lit dans l'une des scènes les plus sensuelles du spectacle. "On dirait des animaux à l'affût", décrit-il.

Le jour de la première, le 12 avril, plusieurs descendants de la vraie Ritana étaient là. "Il y avait des neveux, des petits-fils et des arrière-petits-fils", indique Mora Godoy. "Il y avait aussi des gens âgés : ils m'ont apporté des centaines de photos originales du cabaret et de Ritana, des programmes, des menus...".

"Depuis la première, nous jouons à guichets fermés : je suis ravie et nous avons déjà envoyé le +trailer+ à Broadway", s'enthousiasme Mora Godoy en enfilant ses bas, prête maintenant à rentrer en scène. Dehors, on entend le brouhaha du public qui prend place au Théâtre Alvear.