Dans les cortèges, le "ras-le-bol" des fonctionnaires

VIDÉO. De Strasbourg à Lyon, en passant par Nantes, des milliers de fonctionnaires manifestent pour dénoncer leurs conditions de travail et leur rémunération.

Source AFP

Temps de lecture : 4 min

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Jour de manifestation pour les fonctionnaires. Pour la première fois depuis dix ans, tous les syndicats de fonctionnaires ont appelé à une journée d'action pour exprimer leur « ras-le-bol ». Raisons de leur colère : suppressions de 120 000 postes d'ici à la fin du quinquennat, gel des rémunérations, rétablissement du jour de carence, remise en cause de leur statut... Ils réclament d'être mieux payés et témoignent, dans les hôpitaux notamment, d'un « quotidien extrêmement difficile ».

« Il y a des fonctionnaires qui sont au front tous les jours, les agents des hôpitaux, les policiers, les pompiers. On n'a pas non plus l'impression d'être des planqués », estime François Schill, 51 ans, directeur d'une école maternelle de Strasbourg. Le même directeur d'école déplore la faiblesse des rémunérations : « Un instit commence aujourd'hui à 1 500 euros. En 42 ans de carrière, il peut espérer gagner seulement 1 000 euros de plus. Quel salarié pourrait supporter un truc pareil ? »


Baisses d'effectif

À Lyon, Rindala Younes, professeur de français de 44 ans, trouve « dégueulasse » la réinstauration d'un jour de carence en cas d'arrêt maladie. « On fait croire qu'il y a une différence entre public et privé, mais les conventions collectives dans le privé font que 75 % des salariés n'ont pas de jour de carence. »

« Les agents sont fatigués de ne plus être auprès des patients. On ne discute plus, il faut que le travail soit forcément rentable et qu'on rapporte de l'argent », fustige Sandrine Knockaert, ex-agent des hôpitaux et représentante de SUD-Santé, à Strasbourg. « Notre quotidien est extrêmement difficile à cause des baisses d'effectifs dans tous les services », explique Christine, infirmière de 57 ans à Lyon, qui, en fin de carrière, touche « 2 600 euros toutes primes confondues en travaillant un dimanche sur deux ». Quant aux jeunes, ils « commencent à 1 400 euros pour un travail avec beaucoup de responsabilités et contraignant », s'indigne-t-elle.

Le problème, c'est que la population oublie que les fonctionnaires sont ceux qui les protègent.

À Nantes, un groupe d'infirmières en blouses blanches du groupe hospitalier de Châteaubriant-Nozay-Pouancé est venu dire que, si « la santé est en danger, ce sont les patients qui sont en danger ». « Quand on voit comment ça se passe de l'intérieur, ça fait peur », raconte Isabelle, en colère contre les postes « grappillés au fur et à mesure pour faire des économies ». « Le problème, c'est que la population oublie que les fonctionnaires sont ceux qui les protègent », estime Christian Senesi (CFDT), cadre hospitalier au CHU l'Archet à Nice, qui veut rappeler à Emmanuel Macron qu'il a « été élu pas pour lui mais contre Marine Le Pen ».

LIRE aussi Coignard – Fonctionnaires : tous ensemble, mais pour quoi faire ?

À Nice, Karine Jouglas, policière et représentante CFE-CGC, manifeste son « désaccord » et sa « colère ». « Les fonctionnaires de police roulent dans des poubelles, des voitures réformées, ils sont obligés de patrouiller à pied. Il y a un manque de moyens et d'effectifs. On veut un peu plus de considération et de respect », ajoute-t-elle.

« Fonctionnaires bashing »

Employée dans une mairie, Corinne, 54 ans, n'avait pas manifesté depuis « les années 80 ». Venue exprimer son « ras-le-bol général », elle en a « assez qu'on dise tout le temps que nous, fonctionnaires, on a la sécurité de l'emploi, qu'on est bien payés, que tout est rose ». Gagner « 1 600 euros net au bout de 15 ans, après un bac + 5, ça fout un peu les boules ». Pour Marion Gilbert, agent de 38 ans à Rennes métropole, les fonctionnaires sont rassemblés pour dénoncer les « 120 000 suppressions de poste [promises par Emmanuel Macron en cinq ans, NDLR] alors que les services sont déjà exsangues ». « Le gel du point d'indice et le fonctionnaire bashing restent aussi en travers de la gorge des collègues. »

À Lyon, Isabelle Rochat, travailleuse sociale de 57 ans, dit également son sentiment de « ras-le-bol et d'épuisement ». « Il y a beaucoup d'arrêts maladie et on ne se pose pas la question de pourquoi », relève-t-elle en pointant un « manque de moyens dramatique », aggravé, car la « charge de travail augmente » avec l'accompagnement « des migrants et une population de plus en plus démunie ».


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Commentaires (27)

  • sergio46

    Si on compare avec nos voisins plus performants, nous avons plus de 500 000 postes inutiles !

  • JEL

    Je voyais 6 fonctionnaires communaux appuyés sur leur pelle ou autre outil et entourant une pelleteuse creusant un trou. C'est dans une ville de l'ouest dont je tairai le nom.

  • vikingralou

    Nous attendons la liste des avantages de ces fonctionnaires ! Emplois par emplois ! Des avantages qui rendent leurs emplois bien attractifs pour une masse de gens qui cherchent la sécurité au frais du contribuable ! Et sans parler des avantages acquis par certains emplois de sociétés dont l'État s'est maintenant désengagé à la demande de l'Europe ! Avantages pérennisés lors du transfert de l'Etat au privé ! Qui a plus courte carrière sinon une partie importante de ces ex-fonctionnaires !