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Robert Glasper ou le jazz d'après

Le pianiste est la figure de proue d'une vague nouvelle qui convie soul et hip-hop à ses jams.

Par Paul Benkimoun

Publié le 05 avril 2012 à 14h34, modifié le 05 avril 2012 à 14h34

Temps de Lecture 3 min.

Le pianiste Robert Glasper (troisième en partant de la gauche) avec son groupe Experiment.

On connaît l'aphorisme de Frank Zappa (1940-1993) : "Le jazz n'est pas mort, il a juste une drôle d'odeur." Des générations de critiques se sont penchées sur son état et son avenir. En un peu plus d'un siècle, cette musique, patrimoine culturel américain, s'est universalisée. Elle a surtout parcouru en accéléré les cycles d'une évolution qui l'a vue passer de musique collective improvisée telle que La Nouvelle-Orléans l'a immortalisée aux ères du swing, du be-bop, du cool jazz, du hard-bop, du free, du jazz-rock, du néo-bop et enfin du "nu-jazz".

Le pianiste américain Robert Glasper, qui doit jouer vendredi 6 avril au Trianon à Paris, à l'initiative du club Le Sunset, est la figure de proue de cette nouvelle incarnation du jazz, mêlée d'influences soul et hip-hop. Par-delà les étiquettes et les formes, la question sous-jacente demeure celle du public. Jamais le jazz n'a retrouvé le statut qui avait fait de lui, des années 1930 aux années 1940, la forme musicale la plus populaire aux Etats-Unis. Robert Glasper part aujourd'hui à la conquête d'une audience plus large que celle acquise au répertoire des standards.

A 33 ans et avec derrière lui une carrière de plus d'une quinzaine d'années, il explore de nouveaux territoires. A l'instar des innovateurs des ères précédentes il ne se confit pas dans le ressassement. "Ce n'est pas une question commerciale, mais artistique", confiait-il récemment au blogueur Marc Myers (Jazzwax.com). Au moment où certains musiciens remettent en question le terme même de jazz, Glasper le revendique. Son approche du phrasé et de l'interaction demeure ancrée dans la continuité du genre. Il n'est pas anecdotique qu'il ait baptisé sa maison d'édition musicale "I am a jazzy guy".

Il ne s'agit pas pour lui de simplement intégrer des thèmes issus de la musique qui inonde les radios. On se souvient que les versions des succès de la pop proposées par les grands (Count Basie, Ella Fitzgerald et d'autres) sont rapidement tombées dans les oubliettes. Rien de tel avec Robert Glasper, qui joue dans son arbre généalogique. Né à Houston (Texas) et fils d'une chanteuse de blues et de jazz, Kim Yvette Glasper, qui l'entraînait écouter Earth Wind & Fire lorsqu'il était gamin, il a su, comme avant lui Herbie Hancock, capter l'air de son temps sans se renier.

Structuré autour de son quartette et avec son piano pour fil conducteur, son nouveau disque, Robert Glasper Experiment : Black Radio (Blue Note), procède du collage, mais avec un résultat homogène. Chaque morceau, sauf un, comporte un invité, généralement issu de la scène "nu-soul" et du collectif The Soulquarians : Erikah Badu, Meshell Ndegeocello, Yaasin Bey (ex-Mos Def) ou encore Bilal qui, comme la chanteuse marocaine Hindi Zahra, autre participante, est annoncé pour le concert parisien...

L'avant-dernier disque, Double Booked, coupait la poire en deux : un CD consacré au trio acoustique, l'autre au Robert Glasper Experiment (Casey Benjamin au saxophone et vocoder, Derrick Hodge à la basse et Chris Dave à la batterie, plus le chanteur Bilal). Glasper a tranché, au moins provisoirement, en faveur de la seconde formation. Il existe pourtant une continuité dans sa trajectoire.

Dans son premier CD, Mood (Fresh Sound), enregistré en 2002, sa version du Maiden Voyage de Herbie Hancock préfigurait Black Radio. De fait, plus que sur le style musical, le changement majeur porte sur le son de l'enregistrement, plus aéré, souvent plus serein, voire plus froid.

Pas de doute, Robert Glasper se mettra à dos quelques-uns de ceux qui avaient assisté à son émergence. Mais il avance résolument vers le jazz de demain, avec intégrité et surtout une fertile créativité.

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Sur YouTube : une prestation du Robert Glasper Experiment, avec Bilal et Lupe Fiasco au Late Show de David Letterman, le 29 février 2012, pour CBS Television.


Sunset hors les murs : Robert Glasper Experiment invite Bilal et Hindi Zahra, Le Trianon, 80, bd Rochechouart, Paris 18e. Mo Anvers. Tél. : 01-40-26-46-60. Vendredi 6 avril, à 20 h 30. De 25 € à 35 €.

Black Radio, de Robert Glasper Experiment, 1 CD Blue Note/EMI.

Sur le Web : robertglasper.com et letrianon.fr.

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