Così fan tutte De Mozart

Théâtre des Champs-Élysées à Paris

Le Théâtre des Champs-Élysées reprend la production de Così fan tutte de Mozart signée en 2008 par Éric Génovèse (1). Un ouvrage du répertoire qui marque ses débuts parisiens dans le monde de l’art lyrique. « Tout le monde fantasme sur cette joute amoureuse : il y a ceux qui pensent que c’est une farce, ceux qui y voient une tragédie, beaucoup y perçoivent un cynique libertinage, certains la jugent misogyne, d’autres s’en scandalisent… L’intrigue n’a rien de logique. Je me suis donc trouvé d’emblée en terrain miné. Il m’a fallu jouer avec. »

En matière d’opéra, Éric Génovèse n’a pas de mal à « jouer avec », côtoyant la musique depuis l’enfance. « Le solfège m’aide. Il est agréable de parler la même langue que les musiciens. Quand je monte un ouvrage lyrique, je me plais à apprendre le texte par cœur. J’ai besoin de prendre de l’avance sur les chanteurs, de me savoir légitime. »

Une direction d’acteur que seul un comédien peut concevoir

Né en 1967, Éric Génovèse découvre le théâtre à 9 ans. Entré à la Comédie-Française en 1993, il en est devenu sociétaire il y a quatre ans. Il y enchaîne les rôles – en ce moment dans Peer Gynt d’Ibsen, dirigé par Éric Ruf. « C’est en enseignant chez François Florent que j’ai voulu à mon tour diriger les comédiens. J’ai commencé en 2001, avec des élèves, dans Les Juives de Garnier. Puis Marcel Bozonnet m’a proposé de monter Le Privilège des Chemins de Pessoaau Studio-Théâtre du Français. L’opéra s’est alors présenté… »

C’est à Bordeaux qu’il fait ses premières armes, en 2007, dans Rigoletto de Verdi. « Après un concert dont j’étais le récitant, j’avais fait part au directeur de l’Opéra de mon désir lyrique. Ma grand-mère italienne chantait continuellement des airs. La première fois que j’ai vu un opéra, j’ai pleuré comme je n’ai jamais pleuré au théâtre. »

Se déroulant sur une journée, la mise en scène très sobre de son Così fan tutte est stimulée par une direction d’acteur que seul un comédien peut concevoir. La distribution réunie sous sa bannière aide sa reprise à gagner en décontraction, avec de jeunes talents comme Markus Werba, Pietro Spagnoli, Camilla Tilling, Michèle Losier, Bernard Richter, et, dans la fosse, Jérémie Rhorer et son Cercle de l’Harmonie.