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Musique en ligne : Majors 3 - Consommateurs 0

Alors que dans le but de rentabiliser « l’industrie » musicale, la mission Création et Internet propose de faire cofinancer par l’Etat une "carte musique" de paiement en ligne pour les 15-24 ans ; une cour d’appel américaine vient de réactiver une plainte de 2006 déposée contre les principales majors du disque pour entente sur les prix. Parallèlement, « la fameuse HADOPI a désormais un visage » et les internautes risquent désormais de se voir réellement sanctionner quant aux téléchargements illégaux. Chronique d’un monde où tous les coups sont permis…

Depuis quelques temps maintenant, il n’est pas rare d’entendre que l’industrie musicale se porte mal mais la réalité est toute autre. Les SACEM nationales n’ont jamais récolté autant d’argent que ces dernières années. Pour prendre l’exemple des Etats-Unis, le chiffre d’affaires collecté au bénéfice des auteurs, compositeurs et éditeurs a presque doublé en dix ans.

Seuls les revenus de la musique enregistrée diminuent avec le temps. Tous les autres revenus, en particulier ceux liés aux licences d’exploitation pour la radiodiffusion et la télévision, explosent. Avec la multiplication des médias numériques (télévision par câble, par satellite, sites Internet, webradios...), il n’y a jamais eu autant de diffuseurs et donc de payeurs qu’aujourd’hui. La crise du disque est en fait largement compensée par la croissance des nouveaux médias.

Inversement, pour les consommateurs, les budgets consacrés à la musique n’ont pas diminué, bien au contraire. Alors que certains prix ont beaucoup augmenté (places de concerts), certains autres semblent rester anormalement élevés.

Prenons l’exemple de la musique en ligne : les prix pratiqués n’ont finalement que peu diminué par rapport au cd alors que les coûts de diffusion ne sont plus du tout les mêmes. Avec la numérisation des catalogues, plus de coût de support, plus de coût de stockage, plus de coût du linéaire… mais toujours le même prix de vente. Aujourd’hui, tous les acteurs semblent s’accorder sur un prix de vente qui se situe autour des 99cts. C’est sûrement d’ailleurs pour cette raison que la justice américaine a décidé de rouvrir une enquête sur une possible entente sur les prix entre les majors. Alors qu’en est-il vraiment ?

Si on analyse plus précisément le marché, il semble assez évident que la collusion est une possibilité à envisager. En France, le GR4 du secteur (représentant la part de marché des 4 entreprises les plus importantes) est d’environ 75% ; le marché est donc très concentré. Ajoutons à cela une certaine homogénéité des biens et une demande plutôt prévisible et on voit rapidement que le marché a un fort potentiel collusif. Il en est bien sûr de même outre Atlantique…

Malgré tout, les maisons de disque se défendent de pratiquer de telles ententes et justifient principalement les prix par deux types d’arguments.

Selon elles, et c’est là le premier argument, ils résulteraient tout simplement de l’adéquation entre l’offre et la demande du marché. Elles admettent donc par la même occasion que la demande est suffisante pour le prix proposé. Mieux, depuis l’année dernière, une bonne partie des fichiers les plus téléchargés sur Itunes est passée de 0,99 euros à 1,29 euros, supposant par la même une demande trop élevée au prix précédemment pratiqué. Il semble alors nécessaire de se demander pourquoi mettre en œuvre des actions publiques pour soutenir l’achat de la musique en ligne dans un contexte budgétaire déjà difficile. Demander aux pouvoirs publics de supporter une augmentation des prix de 30% mise en place dans l’année précédant la mesure peut sembler assez incohérent du point de vue du consommateur.

J’en viens maintenant au deuxième argument. Lorsqu’on demande à ces mêmes maisons si une baisse de prix est envisageable, elles rejettent volontiers la faute sur Apple qui avec Itunes, plateforme leader de vente de musique en ligne, imposerait des prix planchers pour accepter les catalogues. Il ne serait en effet pas étonnant qu’Apple profite de sa position dominante, à la fois sur le marché des plateformes de vente mais aussi sur celui des baladeurs numériques. Le bénéfice du doute est donc accordé.

Cependant, il semble qu’il y ait un problème quelque soit le cas envisagé. Soit les prix viennent d’un comportement collusif de la part des majors et cette attitude doit être sanctionnée ; soit Apple abuse de sa position dominante et les autorités compétentes se doivent aussi d’intervenir.

En attendant, l’acheteur paye plus qu’il ne devrait et les majors sentent que le vent risque de tourner. La solution est néanmoins toute trouvée : obliger le consommateur à payer indirectement le prix indiqué par l’intermédiaire et de ses impôts et du renforcement de la législation pour lutter contre le téléchargement. En regardant à deux fois, c’est bientôt le gouvernement qui va être attaqué pour comportement collusif. Ou pas…


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4 réactions à cet article    


  • colza 2 février 2010 10:53

    Une solution : arrêter d’acheter de la musique pendant un mois...
    On peut vivre un mois, en écoutant ce qu’on a déjà et ça ferait réfléchir les majors.
    D’autant que les fichiers téléchargés, vendus 99cts, sont des fichiers MP3 de qualité audio bien inférieure aux CD.


    • PhilVite PhilVite 2 février 2010 11:36

      Il y a vraiment des gens qui payent 1,29 € pour télécharger une chansonnette ??? smiley

      Faut être frapadingue pour faire ça ! Je ne vois pas d’autre explication.  smiley


      • picpic 2 février 2010 14:57

        En réalité, le piratage permet à tout un marché d’exister, c’est énorme.

        L’os qui a toujours été le plus piraté au monde depuis son lancement, c’est windows et Microsoft, n’a pas l’air d’en avoir souffert, que du contraire.

        Tout comme certaines consoles de jeu qui se vendent comme des petits pains tellement il est facile de les pirater…

        Pensez-vous que cela desserve vraiment une marque d’être piratée,sachant que sans ça l’utilisateur n’acheterait même pas la console ?

        Vaut-il mieux une console vendue bourrée de jeu piraté que pas de console vendue du tout ?

        Est-ce que le consommateur aurait acheté cette console ou ce lecteur si cela ne lui permettait pas justement, un certain accès libre à tous ces médias ?

        Bref, parler de vol, est limite, puisqu’en réalité, si vous désirez avoir la possibilité d’écouter un mp3 dans votre baladeur…

        Il va vous falloir, acheter un ordinateur, prendre un abonnement à Internet, vous acheter un lecteur mp3 et pourquoi pas ensuite, heureux de tous ces mp3 disponibles gratuitement s’acheter un lecteur à raccordé à la télé pour y mettre le clip vidéo ? Voir un lecteur compatible pour la voiture ? ha et une chaine de salon pour y ficher son baladeur… Tout cela permet à un marché d’exister et coûte infiniment plus chère à l’utilisateur que s’il se contentait de simplement s’acheter des cd pour les écouter dans son lecteur de salon.

        De plus, les mp3 provoque un effet collection qui pousse l’internaute à en posséder un maximum juste pour le plaisir d’en posséder plus…ce qui le pousse à investir dans d’autres appareils et sans cet effet, on peut être certain que son disque dure compterait infiniment moins de mp3 et tout sa ferveur consomatrice autours du produit en serait bien amoindrie...

        Bref, tout ce que j’y vois, c’est qu’a présent que tout le monde dispose de toute sorte de ces lecteurs chez lui, le marché se retrouve saturé.

        Donc, a présent ils tentent de récupérer du fric autrement.

        Un peu comme si on nous vendait des voitures très chères que nous nous empressons d’acheter sachant qu’elles utilisent un carburant gratuit !

        Et une fois que tout le monde à la voiture, on nous explique alors, que le carburant n’est plus gratuit.


        • Pinkmounter Pinkmounter 3 février 2010 07:00

          On ne peut pas vraiment faire la comparaison : dans le cas de Microsoft, se faire pirater Windows ne les dérange pas : ça fait d’autant plus de consommateurs potentiels qui se retrouvent enfermés par leur SE et leurs formats propriétaires. Ça a été pensé à dessein depuis longtemps, cf citation de Bill Gates.

          Alors que pirater la musique n’apporte pas d’argent pour financer les futures oeuvres musicales. D’où l’offre qui se rétrécit (on ne prend plus de risque) à des productions populaires médiocres (les DA prennent la température sur les myspace et consorts), diffusées sur un, sur un support de merde et propriétaire, le mp3/mp4. Mais les gens s’en foutent, ils sont pas exigeants ni trop cultivés sur la question.

          Donc je crois pas que ça ait été pensé comme ça à l’avance, mais en tout cas l’industrie se rattrape bien. Ils vont vendre de plus en plus de merde en payant moins d’intermédiaire, une tripotée de métiers à la porte et tout bénefs.

          Mais ça plait aux cons qui se contentent de leur RnB sur leur téléphone mp3.
          Et tant pis pour la musique.

          Il est loin, le bon son du vinyle...

          Quitte à vous procurer légalement de la musique, acheter des vrais disques. Et sauvez au passage quelques disquaires.

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