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Le samedi 28 avril 2007

Torture en Afghanistan: les libéraux savaient

Jim McCallum (Photo Reuters)
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Jim McCallum
Photo Reuters

Joël-Denis Bellavance

La Presse

Ottawa

L'ancien gouvernement libéral avait été prévenu par des diplomates canadiens en poste à Kaboul, en 2003, 2004 et 2005, que la torture était une pratique courante dans les prisons afghanes.

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Malgré ces avertissements, le gouvernement Martin a décidé de signer une entente avec le gouvernement Karzaï, en décembre 2005, afin de livrer aux autorités afghanes tous les prisonniers capturés par les soldats canadiens, révèlent des documents du ministère des Affaires étrangères obtenus par La Presse.

Entre 2002 et 2005, le Canada avait l'habitude de remettre aux Américains les prisonniers afghans soupçonnés d'avoir des liens avec les talibans. Mais Ottawa a décidé de négocier une entente de transfert des prisonniers avec les autorités afghanes, à la suite de la controverse provoquée par les mauvais traitements au centre de détention militaire américain de Guantánamo, à Cuba, et les tortures infligées aux prisonniers par des militaires américains à la prison d'Abou Ghraib, en Irak.

Les soldats canadiens ont ensuite commencé à transférer des prisonniers aux autorités afghanes à partir de décembre 2005. Les documents obtenus par La Presse sont des rapports annuels préparés par les diplomates canadiens. Ils brossent un tableau d'ensemble de la situation qui prévaut en Afghanistan, notamment les progrès enregistrés en matière de respect des droits de la personne et dans la création d'institutions démocratiques.

«Les rapports de surveillance de la Commission indépendante des droits de la personne de l'Afghanistan indiquent que la torture demeure une pratique courante des policiers, notamment à l'étape de l'enquête. Cette mesure est utilisée pour obtenir des confessions des détenus», peut-on lire dans le rapport annuel de 2004.

«Bien que l'État de l'Afghanistan n'encourage pas la violence physique, les forces militaires, les policiers et les services de renseignements ont été impliqués dans des arrestations arbitraires, des kidnappings, des cas d'extorsion, des cas de torture et des meurtres d'individus soupçonnés d'avoir commis des crimes. Les commandants de la police et leurs troupes ont été impliqués dans de nombreux cas de viol de femmes, de filles et de garçons», écrivent les diplomates canadiens dans leur rapport annuel de 2005.

Le député libéral John McCallum était ministre de la Défense, en 2003, alors que son collègue Bill Graham était ministre des Affaires étrangères. En entrevue, M. McCallum a indiqué à La Presse qu'il n'avait jamais vu ces rapports du ministère des Affaires étrangères.

M. Graham est devenu ministre de la Défense en juin 2004. Il était encore en poste lorsque le Canada a signé l'entente sur le transfert des prisonniers, en décembre 2005.

Sous le couvert de l'anonymat, une source libérale bien au fait de ce dossier a indiqué que le gouvernement Martin croyait que la situation s'était améliorée dans les prisons lorsqu'il a conclu l'entente.

«De 2002 à 2005, nous avons transféré nos détenus aux Américains. Mais cela est devenu intenable sur le plan politique à cause des histoires de Guantánamo et d'Abou Ghraib. Ces événements et la certitude que les choses allaient mieux dans le système carcéral afghan nous ont convaincus de signer une entente sur le transfert des détenus avec les Afghans», a expliqué cette source libérale.

Le gouvernement Martin avait pourtant reçu des rapports annuels démontrant que les mauvais traitements dans les prisons étaient fréquents. Ces rapports sont comparables à celui divulgué par un quotidien torontois, mercredi, et qui a fait un grand bruit à la Chambre des communes. Ce document, daté de 2006, démontrait que la torture demeure un outil de prédilection des autorités afghanes dans les prisons.

L'opposition à la Chambre des communes a utilisé abondamment ce rapport de 2006 pour accuser le gouvernement Harper de fermer les yeux sur les violations des droits de prisonniers dans les geôles de l'Afghanistan. Le quotidien The Globe and Mail a aussi fait état, cette semaine, du témoignage d'une trentaine de prisonniers talibans qui affirment avoir été maltraités par les policiers locaux après avoir été transférés par les soldats canadiens.

Il faut dire que le gouvernement Harper n'a pas aidé sa cause, cette semaine, en multipliant les propos contradictoires au sujet de la situation des prisonniers afghans capturés par les soldats canadiens et livrés aux autorités locales dans la région de Kandahar. Le ministre de la Défense, Gordon O'Connor, est à l'origine de cette confusion qui plonge les conservateurs dans l'embarras.

Le ministre a d'abord dit que la Commission indépendante des droits de la personne vérifiait si les prisonniers étaient bien traités. Or, cette commission n'a pas les moyens financiers ni les employés pour s'acquitter de cette tâche.

Ensuite, M. O'Connor a affirmé mercredi que le Canada avait conclu une entente avec les autorités de Kandahar donnant aux soldats canadiens un droit de visite aux prisonniers afghans, afin de s'assurer qu'ils ne soient pas victimes de mauvais traitements

Mais il a été contredit 24 heures plus tard par le premier ministre Stephen Harper. Ce dernier a en effet affirmé jeudi, à la Chambre des communes, qu'il n'existe pas d'entente formelle, mais que les autorités canadiennes comptaient en conclure une sous peu.

Puis, le ministre de la Sécurité publique, Stockwell Day, a ajouté à la confusion en affirmant que des employés du service carcéral du Canada ont accès aux prisons afghanes de la région de Kandahar depuis plusieurs semaines.

Aux Communes, hier, M. Day a nuancé ses propos en affirmant que deux membres du service carcéral du Canada ont été envoyés en Afghanistan pour offrir de la formation aux autorités carcérales locales. Mais il a expliqué que leur mandat vient de s'élargir et qu'ils doivent aussi maintenant vérifier si on pratique la torture dans les prisons afghanes.



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