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Flambée du bois de chauffage

Les professionnels du chauffage au bois s'inquiètent : il devient de plus en plus dur de trouver la matière première. La demande et les prix augmentent, mais l'offre diminue.

Temps de lecture: 3 min

En 2009, lorsque Sébastien Carrier lance Sébastien Bois, une entreprise de négoce de bois de chauffage à Fitz-James, il flaire le filon : « Le bois de chauffage, les gens y reviennent ». En cinq ans, il passe de 2 à 6 salariés. Aujourd'hui, le bois est victime de son succès, le jeune chef d'entreprise pourrait être contraint de licencier.

Un problème pour Sébastien Carrier, qui a de plus en plus de mal à trouver des stères à vendre à ses clients. « Le gaz, le fioul et l'électricité ne cessent d'augmenter, les gens ainsi que les collectivités se sont donc rabattus sur le bois. Résultat, il n'y en a plus assez pour tout le monde », avance Sébastien Carrier.

Selon le chef d'entreprise, les collectivités passeraient des gros contrats avec les exploitants forestiers. « Ils vont au plus offrant. Nous, les petites entreprises, on passe aprè s. C'est la loi du plus fort, les plus gros se servent, les plus petits morflent. Les trois quarts des exploitants forestiers m'ont laissé tomber pour honorer ces gros contrats et on galère pour en trouver ailleurs. »

Du bois venu de l'Yonne




Auparavant, son bois venait de Compiègne, Villers-Cotterêts ou encore La Neuville-en-Hez. Cette année, Sébastien Carrier s'est rendu jusqu'à Auxerre pour se fournir et s'est endetté personnellement pour l'acheter : « J'ai acheté 1 000 stères qu'il fallait payer comptant. Cette réserve va me permettre de tenir encore trois mois, confie le chef d'entreprise, pour après, on avisera. » Mais le jeune homme n'est pas très confiant en l'avenir : « Il faut une cinquantaine d'années avant de pouvoir abattre un chêne ou un hêtre pour en faire des bûches pour le chauffage. Les forêts ne se font pas en un jour. »


La forte demande et l'offre en baisse font augmenter les prix. « En un an, le m³ de bois a augmenté de 10 €, rapporte Sébastien Carrier. Certains clients, qui ne comprennent pas cette différence de prix, nous traitent de voleurs. Pourtant je ne me fais pas plus de marge. »

Et la situation ne va pas aller en s'arrangeant : « La TVA augmente au 1 er janvier et puis il y a l'écotaxe qui va bien finir par tomber..., énumère, dépité, le patron de Sébastien Bois. Je n'arrive plus à faire de bénéfices, je vois mes concurrents s'éteindre tout doucement. »


Même constat chez cet exploitant forestier basé sur le pays de Bray. « En 17 ans d'activité, je n'ai jamais connu cela, rapporte ce chef d'entreprise, c'est la première fois que je me retrouve face à un manque de bois. »

Il était malgré tout parvenu à stabiliser ces prix depuis deux ans. « Mais c'est terminé, avec la TVA qui augmente, je ne vais plus pouvoir garder mes tarifs et cela va se répercuter sur les clients. » Une situation qui le fait sortir de ses gonds : « On a encouragé les gens a passé au chauffage à bois avec des subventions, en leur disant que c'était plus écologique... Et maintenant qu'il y a de plus en plus de chaufferie à bois on les taxe. Ce n'est pas juste. »


Une des conséquences de cette pénurie : il n'y a pratiquement plus de bois sec. « La seule solution pour les clients dans ce cas-là : c'est de payer plus cher pour faire sécher le bois grâce à une machine, explique Sébastien Carrier qui a justement investi dans un déshumidificateur. Les gens vont devoir s'organiser, acheter leur bois deux ans à l'avance pour le faire sécher, encore faut-il avoir de la place pour le stocker. »


H.G.