Management 2.0 : transmettre sa vision par le storytelling

imaginarium-du-docteur-parnassus Le week-end dernier j’ai été voir l’Imaginarium du docteur Parnassus (j’aime beaucoup ce que fait Terry Gilliam et ce film ne m’a pas déçu). Quel rapport avec notre sujet (je n’annonce pas l’ouverture d’une rubrique cinéma 2.0) ? Le fait de raconter des histoires, de faire du storytelling. Comme je l’ai déjà écrit sur ce blog, partager la vision et donner du sens est une des clefs de la réussite d’un projet collaboratif pour obtenir l’engagement de ces collaborateurs.

Partager une vision, donner du sens, cela renvoi souvent à une vision de leader (et il est vrai que sur ces questions j’interviens plutôt auprès de DG au Codir), mais aussi des capacités de leadership qui sont essentiels dans le management d’un projet 2.0. Quel meilleur moyen pour donner du sens, pour marquer les esprits, si ce n’est le storytelling. Quand vous êtes dans une communauté de pratique par exemple, vous transmettez un retour d’expérience, vous racontez une histoire (je reviendrai sur ce point dans un prochain billet sur la partie gestion des connaissances).

A chaque fois que j’ai vu des conférences où un patron d’entreprise racontait sa vision et son expérience à travers une histoire personnelle, plutôt qu’avec des slides avec graphiques, courbes…, c’était cette intervention que les gens retenaient. D’une part c’était différenciant des autres interventions, d’autre part les exemples marquent les esprits. La dernière fois les gens sortaient la salle de conférence en disant : « tu vois, celui qui m’a le plus impressionné c’est celui qui parlait des poivrons » (une histoire de valeurs liées à un parcours personnel en cuisine…). Et oui, cela se résume en une phrase que j’aime beaucoup :

les hommes sont comme les lapins, ils s’attrapent par les oreilles

Alors voyons ce que cela donne dans le cadre du travail collaboratif à travers quelques petits conseils pour préparer votre histoire et donner du sens à votre démarche et partager votre vision.

Tout d’abord transmettre une vision, c’est annoncer un futur. Or par définition le futur est non prédictible (au mieux on est dans le cadre de la prospective). Votre histoire est donc un imaginaire qui doit être de l’ordre du possible. C’est un lien entre le présent et ce futur souhaité. C’est une forme de raccourci vers un futur déjà présent ou en passe d’être réalisé.

Annoncer dans une entreprise fortement pyramidale que du jour au lendemain tout va fonctionner en réseau à la limite de l’autogestion n’est pas crédible (même si c’est votre but, il est trop éloigné du quotidien de vos équipes). N’oubliez pas cette conduite du changement dont je parle régulièrement, on retrouve les mêmes risques de rejet liés à la peur de perdre ce que l’on a déjà.

Au niveau de la forme, bien sûr ce futur doit être positif pour vos auditeurs et en lien avec leur état d’esprit actuel. Comme expliqué plus haut, cela ne sert à rien de sur-vendre quelque chose d’improbable ou de parler d’embauche quand il y a un plan social en cours.

De même, il ne s’agit pas rentrer dans les détails, sinon vos collaborateurs n’auront pas suffisamment de liberté pour se projeter. Ainsi, expliquer synthétiquement votre vision du collaboratif oui, expliquer tous les processus non. Vous donner une vision, vous ne déroulez pas une roadmap.  Le collaboratif c’est simple, donc faites simple :évitez tout de même les clichés pour synthétiser votre vision.

Si cela peut vous aider, prenez un exemple concret pour illustrer votre histoire, cela sera sans doute plus facile pour transmettre votre vision. Un retour d’expérience d’une entreprise ayant plus ou moins les mêmes caractéristiques et ayant mis en place du collaboratif, va montrer à vos collaborateurs que votre vision n’est pas impossible à réaliser.

Une fois votre histoire racontée à votre future communauté, partagez avec eux, faites évoluer votre histoire et votre vision. Partez de leur approche pour enrichir votre histoire. Il ne s’agit pas de remettre en question votre vision, mais de permettre à vos collaborateurs de s’approprier cette vision et cette histoire.

Enfin, dans une histoire il y a une part de rêve, ne soyez pas réducteur. Voyez grand, innovez et sortez des cadres de pensée classique (out the box). Commencer par une petite réalisation n’empêche pas de voir grand, au contraire.