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Les «Black Bloc», des casseurs expérimentés

Des extrémistes, visages recouverts, vêtus de noir, s'en sont pris aux forces de l'ordre et aux symboles de l'État. FRANK PERRY/AFP

Selon le préfet de Loire-Atlantique, Christian de Lavernée, près d'un millier de radicaux étaient présents à la manifestation anti-aéroport de Notre-Dame-des-Landes.

Huit policiers blessés, une dizaine de magasins cassés, dont une agence Vinci - le concessionnaire retenu pour le projet d'aéroport -, des engins de chantiers enflammés, un poste de police et le tribunal administratif barbouillés de rouge, des transports interrompus et 14 interpellations. Nantes s'est réveillé dimanche sous le choc des violences de la veille.

Le 22 février, la manifestation anti-aéroport de Notre-Dame-des-Landes (50000 personnes selon les organisateurs, 20000 selon la préfecture) a dégénéré dans les rues de sa ville. Des extrémistes, visages recouverts, vêtus de noirs, s'en sont pris aux forces de l'ordre et aux symboles de l'État. «Près d'un millier de radicaux préparés pour l'affrontement», selon le préfet de Loire-Atlantique, Christian de Lavernée, qui, comme le maire de Nantes, a dénoncé la proximité des organisateurs de la manifestation avec ces «radicaux sur lesquels ils s'appuient depuis le début». «L'opposition institutionnelle à l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes doit cesser d'être la vitrine légale d'un mouvement armé», a indiqué le préfet, visant la «Zad», cette «zone d'aménagement différé» dédiée à l'aéroport, rebaptisée «zone à défendre» par les militants et occupée par quelque 200 personnes.

«La Zad a fourni certainement une partie non négligeable des “troupes” qui se sont déployées hier», a affirmé le préfet, soulignant qu'il fallait remonter au sommet de l'Otan à Strasbourg en 2009 pour retrouver des actes d'une telle violence en France.

De son côté, Manuel Valls a mis en cause l'«ultragauche» et les «Black Bloc», qui ont précisément fait parler d'eux à Strasbourg. Ce mouvement radical, né en Allemagne dans les années 1980, a fait tache d'huile en Europe. «Leurs camarades allemands leur ont inspiré tout un savoir-faire, grimace un haut fonctionnaire. Aguerris et parfaitement organisés, ils échangent sur Internet des modes d'emplois sur la conduite à tenir en cas de garde à vue ou de perquisition…», poursuit-il.

«Ces ultraradicaux de gauche sont de tous les combats altermondialistes violents, explique pour sa part Pierre-Henry Brandet, porte-parole du ministère de l'Intérieur. Ils ont une haine des forces de l'ordre. Hier, sur certaines façades à Nantes, on pouvait lire “une balle = un flic”».

450 à 500 individus

Selon les services de renseignements, ces casseurs s'organisent autour d'un noyau dur de 450 à 500 individus très déterminés. «La plupart d'entre eux sont identifiés par nos services, confie un responsable du renseignement. Le gros de ces troupes, composé de nihilistes gravitant pour la plupart dans la mouvance autonome parisienne, est complété par des activistes issus de sections grenobloises ou toulousaines menant croisade contre les nanotechnologies, des militants situationnistes ou encore des radicaux venant de Rouen, un des berceaux des contestataires du mouvement Sud.»

Hostiles à «l'appareil répressif», au «fichage systématique», pourfendeurs des lois pénales et du système pénitentiaire, vomissant le capitalisme et la mondialisation, ces irréductibles se sont greffés au mouvement de contestation contre l'aéroport.

Sur le millier de fauteurs de troubles à Nantes, seuls 14 individus ont été placés en garde à vue pour violences à agents de la force publique, attroupement armé, recel de vol et actes de vandalisme. «Très mobiles, ils sont passés maîtres dans l'art de changer de physionomie et de vêtements en cours de manifestation», avoue un policier. Une façon de répondre à la polémique naissante sur l'arrivée à Nantes de centaines de radicaux censés être identifiés et surveillés. Par la voix du député Éric Ciotti, l'UMP a par ailleurs regretté dimanche le faible nombre d'interpellations et demandé «la dissolution des groupes d'extrême gauche violents».

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