Une boucle instrumentale perdue dans les limbes, un effet d'écho sur une guitare qui se décale... A moins de deux heures du début du premier concert du Lys & Love Tour, mercredi 6 juin, à l'Opéra de Monte-Carlo, il y a encore pour Laurent Voulzy, les musiciens et l'équipe technique, de multiples détails à affiner. Avec le chanteur, guitariste et compositeur, ils sont une vingtaine à avoir pris leurs quartiers au cœur de la Principauté de Monaco depuis vendredi 1er juin. Flânerie et grasse matinée sont exclues.
Les répétitions assidues ont débuté il y a une vingtaine de jours, d'abord dans le studio de Voulzy puis sur un plateau scénique à Bondy. Et enfin, à l'Opéra de Monte-Carlo, salle superbe signée Charles Garnier, inaugurée début 1879, qui a été mise à disposition de la production du nouveau spectacle de Voulzy par la Société des bains de mer, qui gère aussi notamment le Casino, la Salle des étoiles du Sporting, plusieurs palaces monégasques... "Pour mettre au point cette tournée particulière, nous avons été ici dans d'excellentes conditions", résume Cathy Bitton, manageuse de Voulzy depuis plus de dix ans.
Prévu, pour le moment, jusqu'au 14 décembre, le Lys & Love Tour repose de fait sur plusieurs défis. Le premier étant de mettre au concert la matière du somptueux Lys & Love, dernier album en date de Voulzy (Le Monde du 29 novembre 2011). Un ensemble de chansons aux arrangements sophistiqués, assemblage très précis d'électronique et d'acoustique conçu avec l'arrangeur, claviériste, orchestrateur et programmateur musical Frank Eulry, où les entrelacs de voix et les cordes sont d'importance. Ensuite, c'est dans des lieux très différents, dont des sites historiques et patrimoniaux, nombre de théâtre, du plein air... que va être présenté le spectacle. Enfin il a fallu trouver dans le vaste répertoire de Voulzy, des chansons en accord avec "l'aspect onirique" qui caractérise pour le compositeur Lys & Love.
"Laurent avec un chœur et un quatuor à cordes, c'était l'idée originelle", précise Eulry. Complexe à monter sur l'ensemble d'une tournée, dans un secteur où pour nombre de directeur de salles Voulzy est d'abord identifié à la pop. Les deux hommes ont alors opté pour un ensemble de cinq instrumentistes Frédéric Gaillardet, sorcier des claviers et des machines ; le percussionniste Eric Lafont, par ailleurs guitariste et claviériste ; le bassiste et guitariste Olivier Brossard ; la violoncelliste, harpiste et guitariste Elsa Fourlon et Karen Brunon, violoniste et claviériste. Tous, à l'exception de Gaillardet, au chant. Pour ces excellences, Eulry a passé de longues semaines à retrouver les ambiances et sonorités de l'album et à mettre en cohérence d'anciennes chansons. Un travail de maître.
Dans certains cas, un chœur rejoindra la troupe pour quelques chansons. Cela a été le cas à Monte-Carlo, comme ce le sera à la Basilique Saint-Denis, le 8 juin, pour le premier des sites patrimoniaux qui seront visités (dont la place Sainte-Cécile à Albi, le Théâtre antique de Fourvière, l'Abbaye de Roman sur Isère, à l'Abbaye, la Cité de Carcassonne, la Citadelle de l'Ile d'Yeu...). Des lieux qui vont nécessiter nombre d'adaptations pour l'équipe son sous la responsabilité d'Hubert Salou et celle des lumières menée par Vincent Montgourdin. "On va se mettre plus souvent en danger, précise Cathy Bitton. Mais c'est plus excitant. En passant d'un plein air à un théâtre à un lieu patrimonial, on est presque dans une création à chaque date."
Dans la soirée du mardi 5 juin, c'est l'ultime filage du spectacle - "entre le premier filage et le dernier c'est un monde, constate Frank Eulry. Des enchaînements ne fonctionnaient pas, le final envisagé laissait une impression de manque." On découvre les subtilités des lumières, le soin porté au rendu sonore, le décor (candélabres ornés de cœurs, feuillage, rideau de fond étoilé...), la cohérence du répertoire avec de beaux équilibres entre les nouvelles chansons - "J'ai vraiment envie de faire vivre la quasi totalité de l'album sur scène", indique Voulzy - et les anciennes. Hors Belle-île-en mer, le choix du chanteur Voulzy n'est pas allé vers les tubes les plus fameux. On retrouve la grâce de Caché derrière ou de Quatre nuages, l'émotion de Liebe ou Jésus. Et l'insertion de moments plus pop comme Paradoxal Système ou Le Pouvoir des fleurs ne vient pas en contraste violent avec le mystère de Glastonbury, l'envolée quasi sacrée de Le Ciel et la terre, la densité de Ma seule amour ou Jeanne.
Et mercredi 6 juin, aboutissement, le spectacle touche juste. De chaque musicien semblent venir mille sons, mille voix. Si l'apaisement et la tendresse musicale dominent, les éclats d'énergie ne sont pas pour autant absents. Voulzy, compositeur et interprète depuis la fin des années 1960, reste rare en tournées (quatre depuis la première en 1994). Celle-ci, avec ce premier contact monégasque, promet beaucoup dans son ambition réussie à ne pas jouer l'évidence mais l'acte artistique.
Sur YouTube : la chanson Jeanne avec choeurs et cordes interprétée à l'occasion des Victoires de la musique en mars 2012.
Sur YouTube : la chanson Jeanne extraite de l'album Lys & Love (audio).
Sur YouTube : la chanson C'était déjà toi extraite de l'album Lys & Love (vidéo).
Sur YouTube : plusieurs vidéos consacrées à l'enregistrement de l'album Lys & Love (Columbia/Sony Music).
Lys & Love Tour. Jusqu'au 14 décembre. Lieux, dates et tarifs sur le Web : laurentvoulzy.com. Album Columbia/Sony Music.
Voir les contributions
Réutiliser ce contenu