Une "bavure" de l'armée algérienne, affirme un général français

lepoint.fr

Temps de lecture : 2 min

Le massacre des sept moines français de Tibéhirine en 1996, longtemps imputé à un groupe islamiste, résulterait d'une "bavure" de l'armée algérienne. C'est ce qu'a déclaré devant la justice, le 25 juin dernier, un ancien attaché militaire français à Alger. Selon le général François Buchwalter, les moines auraient été tués lors d'une opération héliportée contre les maquis islamistes entre Blida et Médéa. "Les hélicoptères de l'armée algérienne ont survolé le bivouac d'un groupe armé et ont tiré, s'apercevant ensuite qu'ils avaient non seulement touché des membres du groupe armé mais des moines", raconte lundi une source proche du dossier, rapportant les propos du général.

Le militaire français a affirmé au juge d'instruction tenir ses informations d'un ancien camarade algérien de l'école militaire de Saint-Cyr, dont le frère était chef d'une escadrille d'hélicoptères à Blida, à mi-chemin entre Tibéhirine et Alger, et qui avait participé à cette "bavure". "Les corps des moines étaient criblés de balles", a rapporté le général Buchwalter.

Deux versions s'opposent

La version officielle de l'armée algérienne est tout autre. Selon elle, c'est le Groupe islamique armé (GIA) qui a exécuté les trappistes. Le GIA a d'ailleurs revendiqué les assassinats des moines le 23 mai 1996, près de deux mois après les avoir enlevés. Seules leurs têtes ont été retrouvées, ce qui vient à présent renforcer la thèse d'une bavure, estime pour sa part l'avocat des parties civiles, Me Patrick Baudouin. "Nous avons aujourd'hui la confirmation de ce que nous avons toujours dit, pour la partie civile. Dans cette affaire, et depuis le début, il y a un règne de l'omerta, de la dissimulation et du mensonge", dénonce ce dernier, interrogé par lepoint.fr ( cliquez ici pour lire l'interview ).

Le général Buchwalter a expliqué aussi avoir rendu compte par écrit du mitraillage des moines au ministère de la Défense, à l'état-major des armées et à l'ambassadeur de France alors en poste à Alger, Michel Levêque. "Mais il n'y a pas eu de suites, ils ont observé le black-out demandé par l'ambassadeur", a-t-il assuré.

Interrogé lundi sur cette affaire, Nicolas Sarkozy souhaite que "la justice aille au bout de son travail". Après ces révélations jugées "crédibles", Me Patrick Baudouin compte d'ailleurs demander "une levée du secret-défense" et l'audition de plusieurs responsables français. Parmi eux, Michel Levêque, l'ambassadeur de France alors en poste à Alger, Hervé de Charette, alors ministre des Affaires étrangères, mais aussi le responsable de la DGSE [Direction générale de la sécurité extérieure] de l'époque, Jacques Dewatre, et enfin celle du général Rondot, responsable de la DST [Direction de la surveillance du territoire].

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Commentaires (83)

  • Djamel

    Tu as mentionné "les évènements de 1961, certes, je désapprouve mais ils ne sont pas un secret, tout cela on en parle, même sur internet". Oui, mais dis-moi qui a été jugé pour ces crimes ? C'est bien d'en parler mais agir c'est autre chose ! De plus, l'Algérie a obtenu son indépendance en 1962 et depuis cette date là, elle n'a cessé de réclamer les plans des zones minées par l'Armée française, mines qui continuent de faire victimes encore aujourd'hui ! Ce n'est que l'année passée que la France à donner "quelques plans"... Alors, des exemples tels que tu donnes sont seulement bons pour donner une bonne conscience à la France et aux Français !

  • saladin58

    A la seule différence (et elle est de taille) c'est qu'il y avait des occupés et des occupants !
    Cherchez l'erreur ?!

  • Djamel

    Je ne suis guère convaincu par tes arguments ! tu parles de ce que faisait le FLN mais après tout, mon cher ami : la France était le colonisateur et l'Algérie était colonisée ! Si je viens chez toi, je m'installe chez toi et je fais le dictateur, vas-tu me prier gentiment pour me dire de quitter !? je suis sûr que non ! tu vas utiliser tous les moyens pour te défendre. Tu parles encore comme un colon mais cette époque est révolue !
    Bye