culture | critique Viva Verdi ! L’épanouissement des chœurs d’opéra

Georges MASSON. - 23 mai 2012 à 05:00 - Temps de lecture :
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Le culte du chant choral n’a cessé, dans nos contrées, de se déployer depuis quelques décennies, et ce n’est pas moins d’une dizaine d’ensembles vocaux à géométrie variable, entre le chœur cantate et les effectifs à trois chiffres, qui sont implantés à Metz et qui s’y produisent à intervalles réguliers ainsi que dans la région et à l’étranger. Certaines formations comptent des chanteurs éclairés ainsi que des semi-professionnels, et leur pratique régulière en a dégagé quelques éléments de taille que l’on verrait bien dans l’hypothétique chœur symphonique dont rêve l’ONL pour multiplier les programmes d’oratorios dont le répertoire abonde.

Le Grand chœur de l’EMARI pourrait en être un solide réservoir, car il a une belle force de projection des ténors et des basses, en équilibre avec les sopranos et les altos. Il est venu, dans la grande salle de l’Arsenal, à Metz, partager, avec le Chœur mixte de l’INECC de Luxembourg, un concert de chœurs d’opéras. De Verdi, naturellement, bicentenaire oblige. Le public, qui emplissait les lieux à ras bords, aime. L’ambiance est conviviale, elle resserre le tissu social et les contacts se nouent.

Alignés sur trois gradins de fond de scène, les 90 chanteurs en blanc (60 Messins et 30 Grand-Ducaux), avaient, en demi-cercle devant eux, les 54 musiciens de l’Harmonie municipale de Mondorf-les-Bains, l’ensemble étant très correctement conduit par le Thionvillois Olivier Gravier. Bien sûr, on n’est pas dans une représentation lyrique avec sa mise en scène, mais, on en convient, les célèbres chœurs extraits du Trouvère, d’ Aïda ou de Nabucco, qui sont des pics de bravoure, ne peuvent qu’enflammer l’auditoire de par leur popularité.

Le chant choral a de beaux jours devant lui

Or, pour la partie instrumentale, il faut bien reconnaître que la transcription des partitions pour les ensembles à vent, ne saurait en égaler les pages d’orchestre originales. Nonobstant, la phalange, qui roule en excellence, et en dépit de quelques pains légers aux cuivres, tenait la route. L’ouverture de La Force du destin étant mieux rendue que la redoutable Cenerentola rossinienne qui entonnait le péan de la séance, et bien que le chef en eût un tantinet ralenti le tempo.

Des deux solistes du jour, la mezzo Luisa Partridge-Mauro ouvrit le ban avec la non moins périlleuse Cavatinede Rosine du Barbier de Séville, dont elle survolait quelque peu les vocalises, tandis qu’en deuxième partie, la Fantaisie d’Azucena dans le Trouvère coulait mieux dans ses cordes, de même qu’elle fut à l’aise dans le Brindisi, cette chanson à boire du 1 er acte de Traviata, chantée en duo avec Christian Chenille, verres de champagne à la main. Ce ténor, bien connu à Metz (il fut l’élève de feu Gérard Friedmann), a toujours ce timbre qui scintille dans les aigus. Il avait interprété, en première partie, le fédérateur Hymne des Nations de Verdi (dont on eut aimé qu’il fût chanté plus en puissance), et, à l’origine, dans une transcription écrite pour orchestre à vents par le corniste défunt Félix Lemaire, (lorsqu’il dirigeait l’Harmonie municipale de Metz), puis reprise par le chef de la Musique militaire luxembourgeoise.

Cette opération réussie et son déroulement impeccable, concrétisaient aussi une collaboration interfrontières. Un petit bémol toutefois. À la même heure, on chantait le Stabat Mater de Pergolèse à Notre-Dame.

Preuve que le chant choral a de beaux jours devant lui. Encore que les doublons, qui n’entravent pas le dévouement des organisateurs pas plus que la foi des artistes, peuvent être frustrants pour les fans de Polymnie.